« Tient, tu t’en occupes, c’est pas à moi d’le faire. Puis j’ai un bac blanc moi aujourd’hui » Thaïs me met Jamie dans les bras avant de s’enfuir de l’appartement sans même que je n’ai eu le temps de réagir. Alors je me retrouve là, à peine réveillée, avec mon petit frère de sept mois dans les bras. C’est même pas mon tour de garde-chouineur aujourd’hui. C’est celui de Simon. Sauf qu’il a déserté le lâche.
C’est toujours la folie à la maison. On dirait un peu l’usine. Chacun a un rôle. Et puis on tourne. Tout est réglé comme une horloge. Sinon, tout se déglingue. Parce que, quand il faut gérer sept enfants à la maison, forcément, c’est pas facile. Moi, aujourd’hui, je devais juste faire les courses avec Arthur. Et me voilà avec un bébé dans les bras qui me regarde en riant. Et évidemment, il n’y a plus personne à la maison. Papa et Maman sont partis il y a longtemps. D’ailleurs, je crois que papa n’est même pas rentré. Et comme par hasard, ils se sont tous déjà barrés. Puis moi, j’ai ma poésie aujourd’hui.
Un soupire s’échappe de mes lèvres avant que je ne vienne chatouiller tendrement mon petit frère « qui c’est qui va aller à l’école aujourd’hui … ? c’est Jamiiiiie ! » Il rigole mon Jamie en lâchant un petit « uh ! » enthousiaste. Ca a beau être un chouineur baveur, il est mignon mon petit frère.
Aujourd’hui, l’école primaire accueille un nouvel élève !

La directrice n’a pas beaucoup aimé que j’amène Jamie à l’école. Elle hurle sans arrêt que ce n’est pas une garderie et qu’elle va de suite appeler mes parents. Alors je la suis. Jusqu’à son bureau. Et évidemment, Jamie pleure. Il a compris que la directrice me criait dessus. Et il n’aime pas ça. Il n’aime vraiment pas ça. « Et faites taire cet enfant ! C’est une école ! il y a des gens qui travaillent ! ».

Alors je me retrouve là, presque arrivée. Et je le vois. Il est là, à attendre devant le bureau lui aussi. A coté de lui, son maitre paraît particulièrement agacé. Et alors, l’idée de génie me vient. Je mets rapidement Jamie dans les bras de ce garçon que je ne connais absolument pas « Garde le ! Je reviens. Chante lui une chanson, il adore ça ! puis il adore les garçons ! » Je lui fais un bisou sur la joue avant d’entrer en trombe dans le bureau de la directrice.

J’y reste presque dix minutes avant que la directrice me laisse enfin ressortir. Alors je le vois, Assis avec Jamie sur les genoux. Et ils rigolent tous les deux. Le maitre est parti depuis longtemps. Ils sont mignons tous les deux.
Un sourire aux lèvres, je viens m’asseoir près du garçon avant de récupérer mon petit frère. « Merci beaucoup. C’est gentil. Il a l’air de bien t’aimer en tout cas. » J’embrasse tendrement mon petit frère avant de me tourner de nouveau vers le garçon « Enchantée. Moi c’est Sara et toi ? »

C’est comme ça que je l’ai rencontré. Lui. Oscar.
Oscar, c’est mon univers. Un peu tordu. Un peu bordélique. Puis surtout, Oscar, c’est ma moitié. Mon autre moi. Sans lui, j’crèverais. J’étoufferais sous le poids de la vie.


Y’a mon cœur qui explose. Là. Dans ma poitrine. Mes mains se posent sur ma planche, et je me lève.  J’y arrive. Et alors, je plane. Enfin. Pas besoin de drogue ou d’alcool. Juste ça. La mer et moi. Mon rire s’échappe de mes lèvres, mais c’est comme s’il se heurtait au mur d’eau. Comme si la mer voulait garder cet instant de bonheur juste pour nous deux. Une amante jalouse. Les doigts glissent doucement sur la vague. La vague qui me recouvre peu à peu avant de m’écraser lourdement, m’éjectant de ma planche.
Mais je ressors ma tête, et je suis déjà repartie vers une nouvelle vague. Plus loin, Oscar fait pareil.

Epuisée, je finis par retourner vers la plage, trainant ma planche derrière moi. Oscar ne tarde pas à faire de même et je retire rapidement ma combi avant de m’étaler sur le sable. « haan… » Je souris comme une idiote. Mais putain, j’suis trop bien … Oscar s’effondre près de moi et je viens poser ma tête sur son torse. Et on reste comme ça. Juste comme ça.
De longues minutes s’écoulent avant que je ne lâche « … tu viens à la maison ce soir ? ». Il accepte. De toute façon, il accepte presque toujours. Mes parents s’en fiche. Un enfant de plus ou de moins, ça ne leur change pas grand chose au final.

On était sur la plage depuis des heures lorsqu’on l’a rencontré. Soan. Ca s’est fait naturellement. Il était juste là. Avec sa bonne humeur et sa dose de connerie. Alors on est allé surfer tous les trois, et on s’est plus jamais lâché.