ash & andy

Ma mère nous avait tous tellement cassé les oreilles avec son cocktail depuis des mois qu'une fois le jour J, j'avais complètement oublié. Je me promenais en caleçon dans l'étage du haut quand Rosa la gouvernante m'a regardé toute affolée, et une Rosa affolée ce n'est pas vraiment beau à voir. Elle m'a rappelé qu'il restait moins d'une heure avant que les premiers invités arrivent, ce qui selon elle ne me laissait même pas le temps de me coiffer ? Sérieusement ? Sauf qu'après avoir pris ma douche et avoir jeté un coup d'oeil à l'heure j'ai n'ai pas pu me résoudre à avouer qu'elle avait probablement raison. J'étais en train de me coiffer à la va vite quand j'ai réalisé que je n'avais rien à me mettre, j'avais déjà mis la plupart de mes smoking plusieurs fois et mes nouveaux étaient au pressing.

« Ashton, son ordi, bonsoir ! »

C'est comme ça que je me suis retrouvé dans la chambre de mon frère, lui, il n'y va jamais au soirée, et parfois je l'envie de rester au calme avec sa machine.

« Je t’emprunte juste une tenue ne fais pas attention à moi. »

Je sais que je trouverais quelque chose, Ashton ne sort presque pas de sa chambre et ses costumes doivent quasiment neuf. Et bien sur j'ai raison. Je trouve un trois pièce gris que je ne lui rendrais probablement jamais.

« Merci, tu me sauves la vie.. Lacheur. »

J'ai fais mon plus grand sourire avant de sortir. Ce n'est pas méchant, une petite blague entre nous. C'est mon monde et j'aime en faire parti, seulement oui, je sais que ce serait plus drôle si Ashton était avec moi, comme quand on était petit, mais je n'arrive pas à lui en vouloir.

J'ai trouvé une alternative cependant : je lui fais vivre la soirée en directe avec mon portable. Bon ok, je sais que c'est plus amusant pour moi que pour lui mais c'est pas grave.

Quand je descends enfin dans la grande salle de réception, une vingtaine d'invité sont déjà là à discuter autour d'un verre de champagne et de quelques petits fours. Ma mère est à l'entrée en train de saluer les arrivants et mon père discute avec des collègues. Ça m'étonne qu'il soit là, je dois prendre un rendez-vous au près de sa secrétaire rien que pour lui dire bonjour.

L'attention se retrouve sur mois après que ma mère m'ait pointé du doigts pour je ne sais quelle raison, mais ça me va, ça m'occupe pendant une petite heure jusqu'à ce que je décide de m'éloigner pour faire un compte rendu à Ashton.

ash & andy

Les soirées que mes parents organisent chez nous, je les déteste. Pas parce que je dois rester confiner dans ma chambre pour éviter les gens ou bien parce que j'ai peur de tomber sur Robbie - des fois qu'il décide qu'Andrew ne lui fait plus peur - mais parce qu'il y a toujours un moment dans la journée où ma mère entre sans frapper dans ma chambre, qu'elle ferme la porte derrière elle comme si ce qu'elle avait à me dire était de la plus haute importance et qu'elle s'assoit sur mon lit, la mine sombre. « Ash, mon ange... comment tu te sens aujourd'hui ? » Elle tend une main vers moi et je l'esquive sans lever les yeux de ce qui m'occupait avant qu'elle ne vienne tout bouleverser. Aujourd'hui, j'étais entrain de lire. « Bien. Est-ce que tu voudrais essayer de venir te présenter ? Tu n'es pas obligé de parler mais ce serait bien que les gens voient que tu existes. » Elle se met à rire parce qu'elle se trouve drôle et puis elle regarde autour d'elle, comme si elle avait un public. C'est généralement après sa blague nulle, que je lève les yeux. Et souvent, mon regard blasé la force à sourire faussement. « Il faut que tu fasses un effort, Ash. Au moins pour nous. Pour Andrew. Ça lui fait beaucoup de peine de te voir comme ça, tu sais. » Et comme en général, son chantage affectif ne marche pas : elle s'énerve. « Parfait. » Elle se lève, défroisse les vêtements qu'elle porte puis me toise méchamment du regard. « Qu'est-ce que tu vas faire quand Andrew sera marié et qu'il aura une vie de famille ? Hein ? Tu y as pensé ? Qu'est-ce qu'on va faire de toi si tu ne te décides pas à ouvrir la bouche ? » Mais ce qu'elle ne comprend pas c'est que je pourrais me remettre à parler à la Terre entière : je continuerais toujours de l'ignorer elle. Elle et mon père. « Tu penses peut-être qu'on va te garder ici indéfiniment ? Ou qu'Andrew va te prendre chez lui ? Vous grandissez, Ashton. Un jour où l'autre, tu vas te retrouver tout seul ! Il faut que tu réagisses et que tu te prennes en main ! C'est du passé maintenant alors t'as intérêt à faire un effort aujourd'hui ! » Mais au fond, elle sait très bien qu'elle n'aura pas le dernier mot. Puis elle sort en claquant la porte et je passe le reste de l'après-midi à me demander ce que je vais devenir et quand je vais enfin réussir à prendre sur moi pour sortir de mon mutisme.

Je suis sur mon PC quand Andy débarque et je le laisse parler parce que de toute façon, il n'attend pas de réponse. Il est là, il fouille dans mes affaires et puis l'instant d'après, il n'est plus là à nouveau. Il est pas chiant, lui au moins. Même si je m'en veux toujours de lui faire faux bon. Parfois, il a l'air de croire que ça m'arrange mais c'est faux. J'aurais envie de descendre avec lui mais pour faire quoi ? Pour qu'il parle à ma place ? Merci mais non, je me sens déjà assez diminué comme ça le reste du temps. Quand les gens commencent à arriver, je mets mes écouteurs et je lance un film. Voilà. Mon portable est à côté de moi et chaque fois qu'il vibre et que le nom de mon frère apparait sur l'écran, j'hésite entre rire et pleurer. Rire parce qu'il est con et que plus la soirée avance, plus il est bourré. Pleurer parce qu'aujourd'hui, j'ai pas envie d'être le reclus à qui on raconte tout pour qu'il se sente moins seul.


SMS ▬ Bah ramène moi à manger stp. Maman m'a rien mis de côté...


Puis je ne réponds pas à tous ses messages parce que j'ai pas envie de capter son humour pourri ce soir. Sérieux, il veut que je pécho qui sur mon PC, lui ? Et s'il parle de Louise... j'ai pas envie qu'il en parle comme ça.


SMS ▬ Mais quelle prof de français ? LOL. J'ai pas de prof, Andy. T'as fait trop de mélange, toi........ Par contre, je la connais. C'est l'assistante de papa, elle vient souvent. C'est à lui qu'il faut demander pour être branché...


Et quand il me parle de défilé, je me dis que là, il est à la limite de tomber dans les plantes que ma mère entasse dans la véranda. Faudra pas qu'elle s'étonne si elle retrouve du vomi dans son caoutchouc préféré. Puis son S.O.S. me faire carrément éclaté de rire. Mais il est débile ou quoi ?


SMS ▬ T'es où ?


Mais il ne répond pas et je me dis que ça risque de mal tourner en bas si mon père ou ma mère lui tombe dessus. Alors je prends sur moi et je coupe mon PC pour descendre le chercher. J'ai pas peur des gens, de me mêler à eux. C'est juste que je ne veux pas qu'ils me parlent ou qu'ils s'approchent de trop. Puis avec un peu de chance, Andy est dans la cuisine. J'enfile un bas de jogging et mon t-shirt gris fait parfaitement l'affaire.

Je débarque dans la cuisine et il n'y est pas. Fais chier. Je regarde mon portable et il n'a toujours pas répondu. Je croise Rosa qui ne masque pas sa surprise. « Tu as faim ? J'allais te porter à manger. Tout va bien ? » Je souris. « Andy ? » C'est elle, ma maman. Je le sais. C'est elle qui nous a élevé, c'est elle qui a pris soin de nous et qui s'inquiète pour nous quand nos parents ne le font pas - à savoir tout le temps. Je ne lui parle pas depuis très longtemps et on ne peut pas dire qu'on ait de grande conversation mais la fierté que j'ai vu dans son regard quand je me suis adressé à elle y a deux ans de ça, je ne l'oublierai jamais. Je lui dois beaucoup de chose à Rosa, alors comme Andy, je n'avais pas le droit de la punir. « Il est dans la salle. » Je grimace mais... tant pis. J'y vais. Je reste à l'entrée, dans l'embrasure de la porte. Et quand je repère Andrew, notre mère se dirige vers lui avec un regard assassin. Je ne sais pas ce qu'il a fait mais ce n'est pas assez grave pour que ma présence ne le sorte pas d'affaire. J'ai le temps de lire sur les lèvres de ma mère mon prénom et Andrew me cherche du regard. « Tu dois être Ashton ? » Je sursaute et je fais un pas en arrière. Je regarde la femme de haut en bas puis je reporte mon attention sur mon frère. Et l'air catastrophé de ma mère en dit long sur ce qu'elle pense de ma présence ici. « Allô ? Tu es bien le fils de Samantha ? Le deuxième ? » Et je recule encore parce qu'elle n'a pas l'air de comprendre que je n'ai pas envie qu'elle envahisse mon espace vital. Alors je supplie du regard mon frère pour qu'il abrège sa conversation. Je veux bien le sauver de sa soirée de merde mais je ne veux pas que la mienne devienne un enfer.

ash & andy

Quand Ashton me répond c'est le moment que choisis Daisy, la blonde avec qui j'ai déjà couché plusieurs fois -c'est réducteur comme description mais rien que de me souvenir de son prénom est un exploie- a choisis pour venir me parler. Par chance elle m'offre une coupe de champagne mais je devine au gout que c'est de la vodka/sprite. Pas fameux mais je vais pas m'en pleindre.

"Andrew c'est ça ?" Comme si elle avait oublié mon prénom.
"Et tu es Daisy." Elle sourit, visiblement contente que je me souvienne d'elle. En fait je me souviens surtout de ses seins mais bon.

Je me rend compte que j'ai peut-être abusé de l'alcool quand je vois la salle tanguer. Le champagne s'est mortel, même après presqu'une dizaine d'année je me fais toujours avoir, c'est à cause des framboises qui flottent dans l'alcool, mon fruit préféré.

"Tu crois qu'on pourrait se voir seul à seul dans quelques heures ?"

Je grimace. J'ai promis à ma conscience de ne plus coucher avec elle. Deux fois c'est déjà trop, après ça devient récurent, elle va s'imaginer des choses, mes parents vont s'imaginer des choses, et je vais me retrouver fiancer sans avoir rien demander. Un cheminement qui se confirme quand je vois mon père nous fixer et me faire un clin d'oeil.

"T'es parents sont dans quel domaine déjà ?"
"Ma mère est embassadrice et mon père producteur."
"Nouvelle-Calédonie c'est ça ?"

Elle hoche la tête avec un grand sourire. C'est un meilleur parti que je pensais, et franchement ça m'anguoisse. Je préfére coucher avec les filles pas trop importante histoire d'avoir encore dû choix le jour où je déciderais de me marier. C'est peut-être étrange comme question, mais c'est comme ça ici. On est quelqu'un parce que nos parents ont réussi. Sans eux nous ne sommes rien. Notre future se détermine en grande partie par l'emploie, la richesse et la popularité de nos parents. Les miens étant dans la politique et la mode, je pourrais difficilement faire ami-ami avec une fille dans le père dirige un trafique de prostitué ou avec une mère directrice de l'association contre les vêtements de fourures. Ca ferait tâche aux repas de famille.

"Andrew !"

J'entend ma génétrice et sa voix de mère Michelle et la peur de me faire castrer s'empare soudainement de moi. Daisy a l'intelligence de s'éloigner de moi -finalement je l'aime bien, je la noterais dans ma liste de mes épouses possibles. Sauf que je comprend vite que c'est pas moi le problème.

"Ashton."
"Qu'est ce qu'il fait là ? Remonte le immédiatement !"

Ca m'énerve parce que j'ai l'impression qu'elle le prend vraiment pour un autiste parfois et moi pour son avs. Mais je sais que c'est mieux que je me la ferme, j'ai trop bu et ça risque de mal finir, puis de toute façon, elle a raison, c'est mieux que j'y aille. Et quand je croise son regard je me rapelle soudainement l'avoir appelé à l'aide parce que je m'ennuyais. Oops. La prochaine fois je prendrais la peine de préciser de venir habillé.

Je crois que ma mère continue de me parler en me demandant si je suis juste saoul ou aussi drogué mais je vois Ashton en plein de détresse avec une amie à ma mère et je préfére le sortir de là que de me défendre unitilement.

"Solveig ! Tu m'excuses si je t'umpreinte mon frère quelques minutes ?"

J'attend pas sa réponse pour empoigner Ashton et le trainer jusqu'à la cuisine. Je sais qu'il est plus à l'aise ici que dans tout cette foule et ma maman aussi alors comme ça tout le monde est content.

"T'es venu !"
Je souris idiotement sans vraiment m'en rendre compte avant le prendre dans mes bras et le serrer fort. Sauf que machinalement j'embrasse sa joue à plusieurs reprises pendant qu'une de mes mains caresses mes cheveux. C'est là que je me rend compte que je suis vraiment saoul, parce que quand je suis saoul je recherche l'affection et les calins -et oui ça me fous dans des droles d'emmerdes parfois-.

"Désolé mais tu m'as manqué."

Je me détache de lui avant de la faire s'assoir sur le tabouret de la cuissine. Je sors de quoi faire des sandwich au beurre de cachuéte. Déjà parce que j'ai envie de sanswich au beurre de cachuète, que je sais qu'ashton dira pas non et que dans l'imédiat j'ai pas trop d'autres idées pour me faire pardonner. Je coupe les carré en deux de facon à faire des triangles et je lui tends l'assiette.

"Cadeau !"

ash & andy

Quand Andrew s'approche, je ne peux pas me retenir de sourire parce qu'il marche tellement pas droit que les gens se décalent sur son passage. Il s'excuse pour moi et m'embarque dans la cuisine. « T'es venu ! » Je rigole et quand il me serre dans ses bras, je me laisse faire parce que j'aime bien. Mais je fais mine qu'il m'agace, juste pour l'emmerder un peu. « Désolé mais tu m'as manqué. » Je le repousse en écrasant ma main sur son visage.

« Mais dégage, on s'est vu y a moins de deux heures... »

Il me fait m'asseoir sur un tabouret et il va fouiller dans les placards pour faire je sais pas trop quoi. Puis il sort du pain et du beurre de cacahuète. Mais il fait quoi là ?

« Je reste pas en bas, Andy. »

Mais il est déjà entrain de découper le pain et il me le tend. « Cadeau. » Et c'est plus par réflexe que je tartine les futurs sandwiches qu'il m'a confié. Parce que c'est comme ça, quand il commence quelque chose, je le fini et que c'est tellement encré dans nos gênes qu'on n'y fait même plus attention. Mais n'empêche que si notre mère débarque, elle va encore me prendre la tête. Parce que je suis descendu habillé comme un pouilleux, parce que j'ai ignoré une amie à elle, parce que si c'était pour faire l'autiste en bas, j'aurais mieux fait de m'abstenir.

« Donne la confiture steuplais. »

Et je pose le couteau en attendant qu'il s'exécute. Le beurre de cacahuète sans la confiture, c'est impossible.

« T'as prévu un truc après la soirée ? Où alors on peut directement monter dans ma chambre pour pas en sortir jusqu'à ce que maman m'oublie ? »

Je lui adresse un large sourire super faux et quand il me tend la confiture, je finis de faire les sandwiches.

« Tu vas réussir à monter les marches ? Parce que je sais pas si t'as remarquer, tu tangues un peu... »

ash & andy

« Donne la confiture steuplais. »

Je m’exécute parce qu’au final, les pains sont pas aussi bien découpés que je l’imaginais et qu’avec un peu de chance je me couperais un doigts avec le couteau à beurre. Je l’observe étaler la confiture avec soin et je n’arrive pas à retenir mon rire.

« T’as un très grand avenir dans l’étage de confiture, sérieusement, je t'engagerais en tant qu’étaleur professionnel de confiture sur mes tartines du matin. »

Je crois que ma blague me fait plus marrer que lui, et je commence à comprendre que j’ai dû boire beaucoup plus que je ne le pensais. Rien qu’à cette idée je sens mon estomac se retourner, mais faut pas, y a pas de plante dans la cuisine et vomir dans levier s’est moyen. Du coup je me prépare un grand verre de lait que j’avale d’une trait pour le remplire à nouveau et un troisième pour Ashton.

« T'as prévu un truc après la soirée ? Où alors on peut directement monter dans ma chambre pour pas en sortir jusqu'à ce que maman m'oublie ? »

Je pince mes lèvres en réfléchissant : Daisy ou Ashton ? En fait le choix est vite fait, très vite fait, je veux pas prendre le risque de gerber sur ses jolies seins si on a des sensations trop forte cette nuit.

« Y a une fille avec qui j’ai couché plusieurs fois qui m’a demandé si je voulais passer le reste de la soirée avec elle, alors je sais pas .. elle a de jolie seins et toi .. pas trop. »

Je fais mine de grimaçer, c’est juste pour l’embeter, il sait très bien que j’ai pas hésité du tout et que de toute façon il aura toujours ce qu’il veut. C’est comme ça. Ce n’est pas une obligation que je m’impose, un principe que j’essaye de suivre, c’est naturel, Ashton toujours avant les autres, peu importe qui et pourquoi. Je ne sais pas s’il s’en rend vraiment compte et s’il en est fier. Mais je sais que l’inverse est réciproque.

« En fait j'hésite, je veux pas qu'elle se fasse de fausse idée, je veux dire, trois fois ça fait beaucoup nan ? Puis sa mère travaille avec papa, ça ferait bizarre, je vais me retrouver fiancer sans rien comprendre. Mais en même temps elle est pas chiante et elle a des seins .. tu devrais les voir, tien si je vais avec elle je les prendrais en photo pour que tu juges... Bon ok comment refuser des sandwichs fait par la main de mon frère adorait ? »  

Je pose les sandwiches sur une assiette que je dépose ensuite sur un plateau avec les verres. Je regrette pas de ne pas retourner à cette soirée, elle est barbante, du coup je pense que la prochaine j’irais glisser deux trois suggestions à maman pour sa liste d’invité.

« Tu vas réussir à monter les marches ? Parce que je sais pas si t'as remarquer, tu tangues un peu... »
« Je suis pas saoul ! »

Sincèrement je me sens bien de manière général, et je ne tangue pas, c’est la pièce qui change de direction. Mais je lui laisse le bénéfice du doute en le laissant porter le plateau, et au final ça m’arrange. Les escaliers sont longs et difficiles à monter, je supplie à plusieurs reprise mon frère de me porter sur son dos mais il me remballe à chaque fois et au final j’arrive dans la chambre en boudant. Mais c’est de la comédie, j’arrive pas à lui tenir tête plus longtemps. Mais il faut qu’il se fasse pardonner alors je m’allonge en bier sur son lit, pour avoir plus de place.

« Mes sandwiches, esclave ! Et déshabille moi. »

Je lui sors le plus beau sourire que j’ai en stock. Après avoir grimper cinquante kilomètres de marche je n’ai même plus la force de défaire ma cravate et je crois que je vais mourir étouffé dans mon vomit sous peu pendant qu’Ashton est confortablement dans son vieux jogging.

ash & andy

Y a des jours avec et des jours sans. Et je crois qu'aujourd'hui, c'est un jour sans. J'ai tellement pensé à tout ce que m'a dit ma mère tout à l'heure que j'ai réussi à me miner le moral alors oui, chaque blague que me fait Andrew ne passe pas aujourd'hui. J'ai pas envie de rire et lui il est bourré et c'est injuste. Moi aussi, j'ai envie de m'amuser. Moi aussi j'ai envie que mes problèmes se résolvent à "je ne vais pas coucher avec elle trop de fois sinon on va vouloir nous marier". Sauf qu'il faudrait déjà que je sois capable d'aligner trois mots en public sans avoir peur que les conséquences ne retombent sur Andy. Et c'est ridicule parce que j'ai bien compris que c'était des angoisses de gamins et qu'il ne lui arriverait rien si je parlais à nouveau mais... je sais pas. Ça me rassure de me taire. On sait jamais après tout.

Alors oui, y a des jours où ses blagues sur mon avenir me font rire mais pas aujourd'hui. Et y a des jours où j'ai envie de prendre au pied de la lettre ses propos comme le fait qu'il préfèrerait passer la soirée avec cette fille-là. Je le comprends, en fait. Et j'ai envie de lui dire d'y aller parce que de toute façon, on fera rien d'exceptionnel ce soir mais... non. J'ai pas non plus envie de partager mon frère. Pas aujourd'hui. Tant pis si je suis égoïste mais cette fille peut bien attendre une prochaine fois. Puis je le sauve certainement de fiançailles précipités dont il n'a pas envie. Et dont je n'ai pas envie. Parce que ma mère a raison : qu'est-ce que je ferais quand mon frère sera marié, travaillera et qu'il aura des enfants ? Rien. Je serais toujours le boulet de jumeau qui parle pas.

Il faut que je me reprenne. Il faut que je me force à sortir, à rencontrer des gens. Il n'arrivera rien à Andy parce que, de toute façon, il sait se débrouiller tout seul. Et peut-être même que je pourrais rencontrer Louise ? Peut-être oui. Mais ne nous emballons pas. En attendant, y a Andrew qui fait une fixette sur les seins en me suppliant de l'aider à monter les marches. « Je suis pas saoul ! » J'éclate de rire.

« C'est ça oui, et maman me prend pas pour un autiste. »

Il essaie de s'accrocher à moi et de grimper sur mon dos mais je resiste en essayant de ne pas tomber à mon tour. On arrive difficilement dans ma chambre et j'ai à peine le temps de poser les sandwiches sur mon bureau qu'il est déjà échoué sur mon lit en mode Moby Dick. « Mes sandwiches, esclave ! Et déshabille moi. » Je me tourne vers lui en haussant un sourcil, un air faussement interloqué placardé sur le visage.

« C'est moi le plus vieux, tu me dois le respect. »

Et je lui souris de manière insolente parce que ça, c'est le grand débat de notre enfance. Je suis le plus âgé d'à peine 5 minutes mais ça compte. Et il déteste que je tente d'avoir le dernier mot avec ça.

« Puis tiens ! »

Je me dirige vers mon armoire pour en sortir un jogging confortable et le lui balancer sur la tronche.

« Si tu veux quelqu'un pour te déshabiller, t'as qu'à demander à ta futur femme, je suis sûre qu'elle le ferait avec les dents. »

J'ai été récupérer les sandwiches avant d'aller m'installer à côté de lui et d'allumer la télé. Je me rends compte que je suis entrain de crever la dalle et ça fait un bien fou de mordre dans un sandwich. Même si je sais qu'à un moment donné, Andy va vouloir mon sandwich parce que c'était celui là qu'il voulait et que c'est tant mieux parce que moi je préférai quand même l'autre. Qu'est-ce qu'on a pu rendre chèvre Rosa avec ça. Et quoi qu'elle fasse, on se chamaillait pour tout et rien.

ash & andy

« C'est moi le plus vieux, tu me dois le respect. »

Ca réplique me fait grincer des dents. Je suis certain qu'ils se sont trompé à la naissance et que c'est moi qui suit sorti en premier, sauf qu'avec nos faces de bébés frippé ils nous ont inversé. C'est vrai quoi, je pense pas être dans le faux en disant que c'est moi qui le protége et rarement l'inverse. Mais ça ne me dérange pas, au contraire.

« Puis tiens ! »

Je lui fais un grand sourire en attrapant le jogging qu'il me lance. Sauf que j'ai dû mal à le deshabiller et je crois que ça l'amuse, beaucoup. Parfois je l'envie de pouvoir observer le monde sans qu'on le remarque. Quand je réfléchis je me rend compte que j'ai beaucoup de dossier sur lui et je me dis que je devrais rajouter ça aux prochaines choses à faire. Parce que pendant qu'il se fout de ma gueule parce que je suis en galère et que j'aurais pas de quoi me vanger demain.

« Si tu veux quelqu'un pour te déshabiller, t'as qu'à demander à ta futur femme, je suis sûre qu'elle le ferait avec les dents. »

« C'est toi ma femme. »

Et je mens pas en disant ça. On est un couple, depuis le début, avant de naître. Et je sais pas si c'est ma peur de l'engagement ou mon attachement si fort à mon frère qui m'empéche de voir loin, mais je m'imagine pas marier. Je n'y arrive pas. Aussi loin que je vais dans mes projets je me vois à Sydney avec mon frère dans un grand loft en haut d'un bulding ou nous serions à deux. Je suis pas grand chose sans lui même s'il est convaincu du contraire.

Seulement ce soir j'ai l'esprit trop embrumé pour sortir une discours réconfortant. Je trouve rien de mieux que d'aller sous la couverture en calecon -j'ai abandonné le jogging- et l'inviter à s'y glisser aussi.

« Je suis certain que tu peux aussi le faire avec les dents. »

Ca va pas le faire rire mais moi je suis plié parce que j'essaye de l'imaginer et que j'ai dû mal. Je suis pas très calé sur sa vie sexuel mais je crois pas que ce serait l'un des trucs qu'il ferait.

« T'es pas un autiste. Maman est juste inquiéte. Mais je suis là alors ça va aller. Et comme je vais jamais te quitter ca ira bien pour toujours. Et oeut importe ce que dis maman, si je dois épouser quelqu'un se sera toi. »

Je crois pas que mes propos aient beaucoup de sens mais je veux qu'il l'entende, juste histoire qu'il soit calmé pour ce soir, je ferais mieux demain matin. Mais je hais ma mère à cet instant de pas réussir à comprendre Ash aussi bien que moi.

« On commande de la pizza ? »

Les sandwiches sont bons, mais j'entend son ventre gargouillé et c'est pas deux morceaux de pains qui vont le caler.

ash & andy

Je le regarde galéré pour se foutre en boxer et ça me fait tellement rire de le voir comme ça. J'y suis habitué, bien sûr, parce que Monsieur passe sa vie à faire la fête et rentré dans des états plus que lamentable mais tant qu'il fait attention à lui alors ça me fait rire. Je ne vais pas vous cacher que ça m'inquiète toujours de le savoir complètement ivre quelque part où je ne peux pas veiller sur lui. Parce que s'il lui arrive quelque chose alors que je n'étais pas là, ce sera forcément de ma faute. Surtout que je sais qu'il arrive que Robbie et lui se retrouve dans les mêmes soirée. Et rien que d'y penser, mon sourire se dissipe lentement. « C'est toi ma femme. » Hein ? « Je suis certain que tu peux aussi le faire avec les dents. » Et je lève les yeux au ciel avant de soupirer.

« La ferme Andy. Tu commences à dire des truc bizarres. »

Parce que ouais, c'est clair, on est aussi proche que des jumeaux peuvent l'être. Voire plus. Mais faut pas pousser dans la connerie non plus. Sauf qu'il enchaîne à nouveau et que ça me fait pas sourire. Il se rend pas compte que le jour où il va tomber amoureux, les choses vont changer. Il n'a pas l'air d'avoir conscience de ce qu'il se passera le jour où la fille qu'il aime le plus au monde lui demandera de faire un choix entre elle et moi. Et s'il n'y pense pas, moi j'y pense souvent. Et je me dis qu'il peut penser autant de fois qu'il veut qu'il ne me quittera jamais, je sais qu'un jour ou l'autre, il se fera mentir. Mais bon, je suppose que ça suffira pour ce soir. Je me reconcentre sur le reportage des crocodiles à la télévision et je laisse ma tête s'échouer sur l'épaule de mon frère. Je vais pas faire long feu ; j'ai trop réfléchis aujourd'hui, ça m'a complètement épuisé. « On commande de la pizza ? » Je me redresse, juste pour pouvoir le regarder.

« Putain oui, steuplais. Je crève la dalle. T'es trop le meilleur jumeau du monde. »

J'exagère un peu mais je sais qu'il aime bien. Surtout qu'on sait tous les deux que c'est lui qui va devoir commander et aller réceptionner la pizza alors... je lui dois bien ça.