✿ La Rochefoucauld a dit : La jeunesse est une ivresse continuelle ; c'est la fièvre de la santé ; c'est la folie de la raison. – Ouai, ben lui il devait être bien bourrée quand il a dit ça ! – Comme toi en ce moment en fait !
On dit toujours que le lycée, c’est les meilleures années de la vie d’un étudiant. Pas chez tout le monde, mais heureusement pour Léo, ce fut le cas. Pas populaire, pas looseuse, elle était parmi les personnes que tout le monde connaissait, mais pas en mal. Elle a longtemps attirée les langues de vipères, car on avait toujours un truc à lui reprocher : trop belle, trop forte dans telle matière, trop proche du mec que vous aimez en secret parce qu’ils sont amis,… Cependant, la blonde n’a jamais pris garde au ragot : « On peut raconter tout ce qu’on veut sur moi, c’est elles les plus c**nes dans l’histoire car elles n’ont pas compris que cela signifie qu’au moins, en bien ou en mal, on parle de moi et que je ne leur serais jamais indifférente. » Cependant, ce n’était pas pour ça qu’on la connaissait. Déléguée de classe, elle a toujours eu le don de défendre les droits et les envies de ses condisciples. C’est ainsi qu’elle a fait sa petite place au sein de son lycée.Invitée à toutes fêtes, elle faisait partie de ceux qui s’amusent de rien, qui n’ont pas besoin d’être entouré de 300 personnes pour avoir le sentiment de participer à une magnifique soirée. Léo est loin d’être l’archétype de la pétasse blonde qu’on voit dans les séries télévisés. D’ailleurs, elle a toujours tout fait pour s’éloigner de cette image : « Pourquoi pense-t-on que les blondes sont toujours faites pour être des potiches ? Moi, j’ai envie qu’on se rende compte que les filles qui ont des cheveux couleur paille sont loin d’être aussi bête qu’on le pense ! Je rappelle à tout le monde que je suis quand même l’une des plus intelligentes filles de ce lycée ! » C’est ainsi que la jeune femme choisit le droit à la suite de son diplôme de terminal, pour prouver que les filles comme elles ont parfois des qualités insoupçonnées.

PS – Toutes ces phrases sont issues de conversations que Léo a eu lors de soirées bien arrosé. Et oui, on refait souvent le monde quand on boit un verre de trop.

✿ On est sœur ? – Non, c’est la sainte Vierge qui nous a faites pareil !
Assise dans son lit, Lisbeth lisait le dernier livre de Guillaume Musso, auteur français qu’elle avait découvert par hasard, quand une petite blonde - plus jeune qu’elle, mais qui lui ressemblait beaucoup – entra dans la chambre sans crier gare. « LISE ! J’ai été invité par le type le plus sexy de toute la planète entière ! », cria la jeune fille. Le visage de l’ainée se crispa au son strident de la voix de sa sœur. « Léo, tu ne vois pas que je suis occupée ? », lança Lise sur un ton de reproche. Le visage de sa sœur se ferma et une moue d’excuse se dessina sur son visage d’ange. « Aller, viens-là. Raconte-moi tout ; je veux tout savoir. Comment est-ce qu’il s’appelle ? Quel âge a-t-il ? Il est beau au moins ? » Une Léopoldine toute folle s’installa en indien sur le lit de Lisbeth. « Attend ! Tu me dis il y a quelques secondes d’être plus calme et maintenant, c’est toi l’excitée. » Les deux filles se mirent à rire de bons cœurs. Les sœurs Morris étaient très proches malgré les cinq années qui les séparaient. Des scènes comme cela, il n’était pas rare d’en voir et les deux filles et leur entente parfaite étaient les plus grandes fiertés du couple Elena Williams et Kenneth Morris, jeune infirmière et de ce professeur de mathématique. Ca a toujours été comme ça chez les Morris et ça n’a jamais changé. Elles se le sont promis : Léo et Lise envers et contre tout ! C’est donc tout naturellement que quand sa sœur a trouvé l’amour et s’est marié que la jeune blonde fut la marraine de la petite Charlotte.

✿ Elle est morte ! – Morte comment ? – Morte comme les gens qui reviendront jamais à la vie, espèce d’imbécile !
Chère Lise,
Pourquoi la vie t’a arraché à nous ? Pourquoi es-tu partie si vite ? Pourquoi toi ? Tant de questions qui resteront à jamais sans réponse. Aujourd’hui, je me sens seule, vide. Je n’ai pas perdu que ma sœur, j’ai aussi perdu ma meilleure amie, mon âme sœur. Tu te souviens cette phrase de Grey’s Anatomy : « Tu es mon âme sœur. Tu resteras toujours mon âme sœur. » C’est Meredith qui dit ça à Cristina. Cependant, en ce triste jour, c’est moi qui vais te le dire parce que c’est vrai, parce qu’une âme sœur, ce n'est pas toujours l’amour de votre vie. Oh ma Lise, ma grande sœur, tu as toujours veillé sur moi, même après que je sois devenue assez forte que pour le faire moi-même. Tu as toujours été là quand j’avais besoin de parler, tu as toujours été la personne la plus attentive que je connaisse, tu faisais passer les autres avant toi-même. Tant de personnes devraient te remercier pour ton écoute, ton altruisme. Tu es une sainte Lise, le roc de beaucoup de personnes. Le monde devient fou, les gens deviennent fous. Pourquoi vous ? Pourquoi a-t-il fallu qu’un homme grille le feu rouge ? Aujourd’hui, il nous laisse sans vous, Adam et toi. Il laisse surtout une petite tête blonde de 4 ans sans ses parents. Je me souviendrais toujours du moment où le téléphone a sonné, le moment où l’officier de police m’a dit de me rendre immédiatement aux urgences parce que vous veniez d’avoir un grave accident. Elle dormait paisiblement dans son lit, je ne voulais pas la réveiller alors j’ai appelé la voisine, à 23h00. Bien gentiment, elle a accepté de venir. Malheureusement quand je suis arrivé à l’hôpital, tout était déjà fini, la vie avait déjà quitté vos corps. J’ai dû m’occuper d’appeler tout le monde, mais cela, ça va encore. Le plus dur, ça été de l’annoncer à votre merveille. Charlotte, une petite fille si souriante, elle est si forte, vous pouvez être fiers d’elle. Un soir que je pleurais, elle est venu s’asseoir à côté de moi, elle m’a prise dans ses bras et m’a dit : « La mort, c’est pas grave, c’est triste mais c’est pas grave. » J’en fus estomaqué, une petite fille de quatre ans qui me dit ça, je n’en reviens pas. J’ai de la chance, énormément de chance d’être sa marraine. J’en prendrais soin plus que ma propre vie, je vous le promets !

Je vous aime !

Léo

PS – discours d’hommage à Lise et son mari lors de leur enterrement, le 12 mars 2012.

✿ On va t’appeler comment alors, maitresse ? – Maitre ! Maitresse, c’est pour les bonnes femmes qui couchent avec des hommes mariés. Je ne couche pas avec des hommes mariés, je suis avocate.
L’affaire qui réunissait Léo et Sam aujourd’hui était le divorce d’un des couples les plus influents de Sydney. La jeune femme avait débuté il y a quelques semaines dans ce grand bureau d’avocat du centre de Sydney et déjà, on lui confiait une affaire importante – ce n’était pas n’importe quel divorce – avec un des avocats les plus prometteurs de sa génération. Samuel Westfield était une pointure dans le domaine. A seulement 28 ans, il avait déjà remporté plusieurs procès importants et était surnommé « le prodige », car à son âge, personne n’avait jamais été aussi doué que lui. Cependant, le jeune homme gardait les pieds sur terre et c’est en partie grâce à cela que Léo l’appréciait. C’est lui qui lui avait fait découvrir la boite lors de son tout premier stage il y a 4 ans. Les deux jeunes s’étaient liés d’amitié et quand la blonde obtint son diplôme avec mention, c’est vers Sam qu’elle se tourna pour voir s’il n’y avait pas une place pour elle. Ainsi, elle entra dans le cabinet. « Prête à morde la poussière Morris ? » Il la sortit de ses pensées. Elle se tourna vers lui et lui lança un regard noir. « Pour la première fois dans ta jeune carrière, c’est toi qui va mordre la poussière, Westfield, ne me sous-estime pas. Mrs Fitzgerald va gagner ce divorce. » Elle entra rejoindre sa cliente dans le grand bureau vitré. Voilà le quotidien de Léo aujourd’hui : une bonne place dans un cabinet d’avocat réputé du côté professionnel et un boulot de « maman » du côté privé. Pas de place pour l’amour dans sa vie, même si son charmant collègue ne la laisse pas indifférente.