Nikolaj & Elina

Et voilà, nous y étions, encore une fois je venais d'essuyer un refus, mais comme toujours je ne comprenais pas pourquoi, les raisons étaient toutes plus stupides les unes que les autres. "Vous n'avez pas le charisme." "Vous n'êtes pas faite pour ce métier." "Nous n'avons pas de temps pour le moment pour prendre quelqu'un d'autre." Enfin, toujours les mêmes choses, encore la même rengaine, rien de bien innovant et c'est sans doute pour ça que je déprimais seule au volant de ma voiture, comme une enfant qui était tout simplement déçu et perturbée. Je regardais inlassablement la photo de mon frère, me demandant une fois de plus si j'avais fait le bon choix, si j'étais vraiment faite pour ça, pour qui je le faisais ? Lui ou moi ? Sans chercher de réponses à des questions qui au final n'en aurait sans doute jamais, je démarrais la voiture et partait de cette ville qui m'avait une fois de plus déçue, je devais me rendre dans le seul endroit que j'avais plus ou moins appeler "chez moi" au cours des huit dernières années, Sydney. Je savais que là-bas je retrouverais des personnes qui me manquaient, des personnes qui comptait pour moi, que je n'avais pas vu depuis presque quatre mois et puis je savais que Sydney était ma maison, mon havre de paix et que je pourrais recommencer à chanter dans les bars, comme à mes débuts, ce n'était sans doute pas glorieux pour certain, mais au moins je ne restais pas sans rien faire et je pouvais ramener de l'agent pour payer les factures. En plus, à bien y réfléchir, je commençais doucement à avoir mes habitués, ces quelques personnes qui venaient m'entendre, me voir, même s'ils n'étaient pas nombreux le plaisir restait le même. C'est sur cette pensée positive que je continuais d'avancer kilomètres par kilomètres, lorsqu'au loin j’aperçus une silhouette seule, je n'aurais su distingué s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, bien qu'au vu de sa carrure je pariais plus sur un homme, une fois arrivé à sa hauteur je pus constater que je n'étais pas si mauvaise que ça. D'un geste lent, je fis ralentir la voiture et baissa la fenêtre côté passager. « Je vous dépose quelque part ? » Ma bonne âme me perdra sans doute un jour, mais je ne pouvais vraiment pas laisser quelqu'un marcher pour aller on ne sait où sous une chaleur à tuer un chameau, alors pourquoi ne pas aider un peu, sait-on jamais ça pourrait faire tourner la roue en ma faveur. Je fis un léger sourire au bel inconnu qui me faisait face et lui fit signe de monter avant de redémarrer la voiture. « Au fait, moi c'est Elina, enfin non Eli, oui, Eli c'est bien. »