La fatigue me bouffait chaque muscle, les alourdissant, les bloquant à chaque mouvement que je souhaitais faire. Je mourrais d’envie de me jeter sur mon lit et d’y dormir jusqu’à être certain d’avoir rattrapé tout le sommeil en retard que je cumulais depuis des jours, depuis des semaines. Malheureusement, ce n’était pas aujourd’hui que ce petit miracle allait avoir lieu. De garde toute la nuit aux urgences, les fêtes étaient bien souvent synonyme de course pour les urgentistes – internes ou non d’ailleurs. Entre les indigestions, les personnes ayant confondu leur doigt avec un légume et autres blessures plus ou moins graves, je n’avais pas eu une minute à moi de la nuit. Ce ne fut que vers six heures du matin que j’eus la joie immense – ou presque – d’aller m’effondrer dans la salle de repos en priant pour ne pas être dérangé. M’endormir ne fut pas difficile, mais lorsqu’on me secoua l’épaule de sorte à me faire quitter les bras de Morphée j’avais la sensation de n’avoir dormi qu’une ou deux minutes. « Laissez-moi mourir en paix. » Grognai-je, la tête toujours posée sur mes bras et les paupières closes. Pourtant, on n’arrêta pas. Je me suis redressé, la vision trouble le temps de m’adapter à la lumière de la pièce et mes iris posées sur une infirmière, elle m’averti qu’il était près de dix-sept heures, une violente claque qui me remis immédiatement debout. J’étais en retard. J’allais me faire tuer. Sans perdre un instant de plus, je me suis précipité vers les vestiaires afin d’attraper mes affaires sans prendre le temps de me changer et j’ai quitté l’hôpital à toute vitesse pour me rendre sur mon second lieu de travail. Là, j’ai salué mes collègues en filant comme un courant d’air me changer. Bien qu’épuisé et au bout du rouleau, je me devais de tenir ce soir avant de pouvoir dormir dans mon lit, demain étant ma journée de repos. Habillé comme il le faut, j’ai donc rejoins ma place avant de poser mon regard sur Abygail que je croisai au passage. « Laisse-moi deviner … je fais peur à voir c’est ça ? » Demandai-je en grimaçant quelque peu. Je devais probablement ressembler à un zombie ce soir, mais tant pis j’y étais obligé car héritage ou non, l’argent diminuait et la maladie de ma sœur restait toujours là elle.