∞ what the f*ck ?

Le vent contre sa peau, le soleil sur son visage, le gout acre de la cigarette emplissant sa gorge, et l'apaisement presque total de son corps en bataille. Pour un moment, un court et fragile moment, il se sentait paisible. Un de ces moments sans hommes à supporter, sans clients à qui obéir. Pas même le temps contre qui se battre, ni de souvenirs à oublier pour quelques secondes seulement. Tout semblait bien, tout semblait beau. Pour quelques secondes de douceurs était revenu William, l'enfant au sourire soleil courant partout à travers les rues et les parcs. Plus rien de cet Alex qui faisait peur, qui faisait parler, qui faisait haïr. Plus rien non plus de l'homme amoureux, de l'homme jaloux, de l'homme. Plus rien qu'un fils, un enfant, une âme. Une entité reposée qui profite des sensations alentours. Il avait toujours aimé traîner dans ce parc, même gamin. Il jouait là, avec ses copains sa sœur ou même seul. Il avait embrassé sa première copine ici, quelques bancs plus loin. Ce lieu, c'était son lieu. Son église, temple de calme et de douceur. Son esprit vagabonda de pensées en pensées alors que la fumait s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Pourquoi tout avait dérapé ainsi ? Il avait suffit du regard sombre d'une harpie pour foutre son existence en l'air. Ça lui paraissait hilarant finalement, tout ce qu'il avait fait pour elle. Les tatouages, la drogue, les pertes, les combats. Une vie de dur pour montrer à cette femme qu'il avait la force de tout subir. Tout sauf l'affront de l'adultère il fallait croire. Comme si l'humiliation avait été le test suprême et qu'il l'avait foiré comme un con. Un con qui n'avait pas de regrets, plus aucuns. Parce que la vie était ainsi, que les gens se rencontraient pour ne jamais vraiment se voir et que rien ne valait le coup d'être vécu puisque seul l'oubli persisterait de ces moments. Le temps qui passait encore et toujours, et l’existence qui u jour ne serait plus rien. Comme si un jour quelqu'un se souviendrait de l'existence de l'humanité, de ces gens qui vivaient pour l'amour envers et contre toute nature. Amour qui consumait, et qui se trouvait impossible à éviter. Il le savait, il avait tenté d'y échapper de nombreuses fois. Mais les sentiments, les sensations ne s'effaçaient jamais complètement. Apprécier le vent dans ses cheveux, aimer le sourire d'une jeune femme, jouir d'un simple baisé. Même un bon repas faisait office d'amour passionnel, il avait alors abandonné l'idée de fuir. Il refuserait, ce serait plus simple. Mettre une barrière entre soi et l'apaisement d'une musique. entre le chant des oiseaux et ses oreilles. Entre la douceur d'un tissu et ces doigts qui sont les notre. Plus que des pensés, le silence, et le monde autour. Monde en mouvement comme semblait vouloir lui prouver le corps qui s'avançait. Un corps féminin qu'il regarda un moment venir, laissant consumer sa drogue douce, avant de reconnaître le visage qui le surplombait. Un visage qu'il n'était parvenu à oublier en trois ans, l'une de ces plus grosses souffrances. Addison, sa petite sœur. Quel malchance avait-il de la croiser là. Il tourna son regard rapidement, priant pour qu'elle ne le regarde pas, pour qu'elle ne le reconnaisse pas. Il avait tant changé en si peu de temps, il aurait comprit qu'elle passe à ses cotés sans même noter sa présence. Elle passa alors qu'il se préparait déjà à se lever et partir. Et s'arrêta avant de rebrousser chemin comme il l'avait crains depuis son retour en Australie. « Putain de merde, qu'est-ce que tu fous là toi ? » Elle semblait en colère et soudainement lui revint le souvenir heureux de sa sœur adorée. Qu'avait-elle vécu en son absence, qui était-elle devenue ? Il lui était arrivé de penser à elle parfois, de l'imaginer heureuse, en ménage, dans de bonnes études. Il avait toujours voulu le meilleur pour elle, pourquoi changer maintenant malgré ces trois ans qui les avaient séparés subitement. Prenant une vois détaché, il tenta tant bien que mal de ne pas trop s'emporter, restant l'homme impassible qu'il s'était donné d'être. « Comme tu peux le voir je fume ma clope tranquillement avant de partir au boulot. Et toi, tu te promènes seule maintenant ? » Il osa enfin poser le regard sur elle. il avait aimé cet ange plus que tout au monde, la protégeant du vent et de la pluie, des rires et des pleurs, des orages et des chiens, de la vie et des hommes. Et voilà que se tenait devant lui une femme, plus rien de cet enfant qu'il serrait contre lui lorsqu'elle avait peur. « Je suis de retour en ville, est-ce un crime ? »