La voix tonnante du jeune étudiant diplômé en master semble faire foi pour obtenir à la fois le silence te l’attention de l’assemblé d’élèves présents dans l’amphithéâtre, en particulier la gente féminine. Rien qu’en jetant un coup d’œil à ta voisine de gauche, tu lèves les yeux au ciel tout en esquissant un sourire amer. Tu avais bien du mal à supporter les cours depuis que l’ambiance devenait beaucoup plus lourde voir étouffante. Adieu l’ambiance de travail, bonjour le plan drague et d’admiration à deux sous. Passant une main dans tes cheveux pour les ramener en une queue de cheval ample, tu soupires juste avant de jeter un coup d’œil au cadran de ta montre. Bientôt l’heure de supplice prendra fin. D’ordinaire les cours étaient pour toi un moyen de te perdre dans l’immensité de la réflexion personnelle. Entre le boulot et les cours, tu avais toujours su tenir un parfait équilibre sans jamais trop réellement en oublier ce qui avait une tendance non dite à te faire flancher soit ta maladie cardiaque. Depuis quelques mois, elle prenait de plus en plus d’importance tant sur l’inquiétude que cela imposait à ta mère ou encore sur tes propres craintes. Tegan n’avait aucunement eu vent de l’évolution médicale de ta maladie, tu préférais ne pas en parler pour le moment, jugeant qu’il avait assez à faire avec sa famille et ses soucis personnels. La sonnerie de la fin d’heure de cours te ramène à la réalité de l’instant présent. Un soupire de ravissement cette fois s’échappe d’entre tes lèvres et tu ne te fais guère prier pour filer parmi les premiers donc les derniers sont pour la plupart des garçons. Tes pas prennent instinctivement la direction de la sortie du campus. Ton cellulaire vibre alors au fond de la poche de ta veste en laine et une fois en main tu décroches rapidement l’appel dont l’émetteur même ne t’étonnait pas. Nicholas était ton meilleur ami depuis l’enfance et à une année de différence vous vous entendiez comme chien et chat comme les frères et sœurs que vous ne serez jamais. La distance n’avait aucunement eu son influence sur votre amitié, si ce n’est qu’elle s’est davantage renforcée. Il était également l’un de seuls à qui tu te confiais sans la moindre limite bien qu’il fallait quelques fois qu’il te pousse à bout pour obtenir gain de cause. Nicholas te demande alors si tu es libre dans l’heure qui suit pour passer la fin d’après-midi ensemble. Une requête sur laquelle tu ne peux pas dire non. Comme à votre habitude le point de rendez-vous reste le Starbucks Coffee et lorsque tu y arrives vingt minutes plus tard, tu es légèrement surprise de voir combien le commerce reste peu ombragé de monde. Une fois à l’intérieur, les saveurs chaleureuses du café et des brioches sucrées t’appellent comme l’ourson est appelé par le miel. Tu pousses les portes du Starbucks, en suivant le mouvement de la maigre fil de monde. Après avoir commandé un grand café crème et une viennoiserie, tu t’installes à une table au fond de la pièce non loin de la baie vitrée.