Les meilleurs lieux qui restent encore tranquilles et sûrs sont les toilettes de l'université. J'y vais tous les jours après la pause déjeuner ou lorsque je n'ai vraiment pas le coeur de parler aux gens de mon amphithéâtre. C'est fou ce qu'ils peuvent être curieux et sans gêne. Certains ne me connaissent pas et je parierais qu'ils me regardent avec inspection, comme s'ils savaient tout de mon passé. Ça me fait flipper, alors je viens me réfugier dans les toilettes. Je reste dans une cabine. Je lis un bouquin, les mots stupides écrit sur les murs et les portes, ou bien je regarde les coquettes qui se refont une beauté. Ce sont des hobbies intéressants les uns autant que les autres. J'ouvre donc la porte des toilettes pour femmes et me dirige vers les robinets. Je me lave les mains. J'aime les garder propres -peut-être une habitude laissée chez les bonnes soeurs. Anyway, dès que c'est fait, je me retourne. Je sursaute de peur et recule rapidement lorsqu'un visage entouré de cheveux de feu ne tient qu'à quelques centimètre du mien. Putain Soledad, tu m'as fait peur. C'est à peine un reproche. Je ne pourrais pas lui reprocher quelque chose. Dès que je vois cette fille, tous les problèmes s'envolent au loin, je ne pense qu'à m'éclater et passer du bon temps avec elle. Je lui renvoie un sourire. Je m'accoude à un des éviers, essayant d'être cool, et la regardant de haut en bas. Pas mal tes fringues aujourd'hui. J'aime bien lui faire des compliments qui mette en valeur son corps. C'est comme si je lui lançais des piques perverses à tue-tête. Sol en comprend toujours le sens. Toi aussi, t'es une adepte des chiottes ? Je lui tire un petit bout de langue en retenant un petit ricanement.

« Sole ... » Je souris en coin en l'embrassant encore, glissant une main dans son cou. Elle se cambra contre moi et je me léchai la lèvre, effleurant les siennes par la même occasion, amusée. Je me reculai ensuite, l'observant. Mouais. Je souris en coin, me redressant, à califourchon sur elle. Maintenant que j'y réfléchissais, j'étais pas encore désespérée à ce point. Avec un regard joueur, je me penchai pour l'embrasser dans le cou. Elle ferma les yeux en me laissant faire et avant même qu'elle les ait rouvert, j'étais debout, attrapant ma veste en jeans pour la jeter sur mes épaules. « Mais ... » Je me tournai vers elle et sourit en coin, le regard amusé « Sorry. J'ai une envie pressante et c'est pas toi qui me retiendra. » Je tournai les talons et sortit de la classe vide - ou presque. Mes bottes claquaient doucement sur le sol du couloir et je souris pour moi-même, m'arrêtant devant une fenêtre pour voir mon reflet, checkant mes cheveux, mon maquillage. Bon c'était à moitié ça. Au moins elle m'avait pas décoiffée. Ça ça m'aurait vachement énervé quand même. Déjà que je suis trop sensible des cheveux, si en plus on les mettait en pagaille ... Bah disons que je serai partie encore plus vite. Je souris à mon reflet et partit tout de même vers les toilettes. Excuse bidon pour partir, certes, mais les miroirs seraient plus efficaces qu'une fenêtre toute crade. Je poussai la porte en silence et haussai un sourcil amusé en apercevant le dos d'une jolie brunette, qui m'était assez familière malgré tout. Joueuse, je me glissai dans son dos, arrivant à hauteur de sa nuque juste quand elle se retourna. Je retins un rire moqueur, les yeux brillants en la regardant reculer. « Au moins, je te fais de l'effet ! » Je lui dis un clin d’œil joueur, levant les yeux dans les siens. A son commentaire, je me tournai vers mon reflet dans la glace. J'étais plus difficile qu'elle, mais si ça plaisait aux autres c'était le principal, après tout. « Thanks. J'aime bien ton ... » Je lui lançai un coup d’œil, cherchant un truc à complimenter. « On va dire ton soutif, comme ça même si j'ai tort, tu peux faire semblant. » Je souris, amusée, allant sur le côté pour me regarder dans la glace, passant ma main dans mes cheveux roux flamboyant. Au moins une bonne chose que le côté irlandais de mes gênes m'aura apporté. « Tellement ! Je compte bien venir y habiter plus tard. » Je la regarde du coin de l’œil, ironique, mais je veux surtout lui tirer un sourire. J'ai un humour spécial, mais on s'y fait vite. « En fait, si tu veux tout savoir, je me planque un peu. » Je souris en coin et me retourne, m'appuyant contre le lavabo. « Et toi, c'est quoi ton excuse pour squatter ? »

Au moins, je te fais de l'effet ! Mon sourire s'agrandit. Ok, j'arrête, on dirait une débile. Il s'évanouit d'un coup et se cale dans le coin de ma bouche. Thanks. J'aime bien ton ... Je lève les sourcils. On va dire ton soutif, comme ça même si j'ai tort, tu peux faire semblant. J'éclate de rire et la tapote au bras avec un regard vengeur. Saleté! Dis que j'ai des fringues de merde aussi. Je lui tire la langue. En même temps, je ne peux pas lui reprocher de ne pas me trouver de compliments. Mes fringues sont simples. On peut pas dire que j'ai un style particulier. Parfois, je mets un haut assez habillé. La plupart du temps, le matin, je mets un truc en vrac. Je ne me regarde même pas dans un miroir -chose plutôt impossible dans le cas de soso, rien qu'en voyant son maquillage. Une idée me traverse l'esprit. Si tu veux en avoir le coeur net, j'ai qu'à déboutonner quelques boutons. On se taquine. On est comme ça. On connait notre bisexualité affirmé. Le truc, c'est qu'on s'est jamais senti attiré l'une à l'autre. Enfin, j'veux dire... si Sol me plaisait autant que ça, je l'aurais déjà mise dans mon lit et réciproquement je pense. Mais on continue de faire comme si. C'est beaucoup plus marrant comme ça. Tellement ! Je compte bien venir y habiter plus tard. Aaaah, les chiottes. Qui n'est jamais allé se réfugier dans les chiottes ? Qui ? Ok, peut-être que j'exagère, mais les chiottes pour moi c'est un endroit assez ordinaire. Je les ai côtoyé pendant toutes mes années de lycée. Pas par choix, mais on s'y fait au bout d'un moment. En fait, si tu veux tout savoir, je me planque un peu. Mon regard devient plus inquisiteur et je me rapproche de Sol, l'oreille grande ouverte. hmmm et qui fuis-tu pour aller jusqu'aux toilettes ? Il doit être persistant. Tsss, j'les déteste comme ça. Un mec, ce serait logique. Mais avec Sol, la logique n'existe pas. Si si, je vous assure. Et toi, c'est quoi ton excuse pour squatter ? Oh. Je me mords la joue intérieure. Les gens. Sérieux, ils sont chiants, j'en peux plus. Genre j'veux pas parler, ne me force pas à parler putain. Respecte mon silence. Tu connais Arielle ? C'est la reine du piplage pffff. Je me tais un instant pour reprendre mon souffle. Je m'aperçois que je suis en train d'accuser la terre entière. Sauf toi Sol. Je souris, mais j'trouve pas ça suffisant. Mon mollusque à moi... Je laisse en suspens notre délire de la dernière. Sol était Patrick et moi Bob. A la fin, nos abdo avaient gonflé de trois centimètres d'épaisseur.

Y avait trois trucs que j'aimais plus que tout le reste chez Mad. Un, son sourire. Deux, le fait qu'elle rigole à mes vanes, souvent pourries. Et trois, le fait qu'elle adore jouer avec la drague, avec moi, et avec le fait de me draguer. Ça lui faisait gagner vraiment beaucoup de point l'air de rien. Et quand elle me faisait le combo de la mort, en enchaînant les trois d'un coup, je ne pouvais que kiffer mon moment. « Je l'ai pas dis, c'est toi qui l'as conclu. » Je souris en coin, amusée, la regardant du coin de l’œil toujours. Je me recoiffe et elle enchaîne tout de suite sur une idée des plus attrayante, tiens. Même si je ne pensais pas - encore - à la mettre dans mon lit, l'idée de profiter de la vue ne se refusait jamais. « Je t'en prie, te prive pas pour moi. Mais si il est effectivement moche, je demande réparation. » Je me redresse et sourit, amusée. Comme je l'ai dis, je ne pense pas réellement à la mettre dans mon lit. Sinon ce serait déjà fait. Mais jouer avec les limites, c'était définitivement mon passe temps préféré. J'aime jouer le feu. Un jour je me brûlerai, mais je suis quasi sûre que ça me fera rire. Folle un jour, folle toujours. La conversation dévie, je souris en lui répondant, repensant à cette pauvre fille que j'avais laissée dans une salle de classe. Habillée. J'avais même pas eu envie de voir plus loin. Oui vraiment ... Perte de temps. « Elle. Et j'ai pas dépassé le baiser, parce qu'elle avait une limace à la place de la langue et que même si certain adorent, moi je passe. » Je levai les yeux au ciel, plus dans le but de l'amusée que de passer pour une prétentieuse. Les ragots entre filles dans les toilettes, c'est un des trucs à vivre dans une vie. C'est comme ça. Le commérage, c'est dans les veines. Je lui retourne sa question et elle me réponds, haineuse envers le monde entier apparemment. Je souris en coin, amusée, la regardant en retenant un sourire plus moqueur, que j'aurai sûrement laissé paraître mais je ne me voyais pas maudire des gens que je ne connaissais pas. Quoique ... On a tous des emmerdeurs dans notre vie. Avant que je puisse répondre, elle m'exclut du groupe des 'chieurs' et, au lieu de sourire, je fais mine d'avoir vraiment été touchée, faisant une moue de petite fille pas contente en baissant un peu les yeux. Moue qui ne résiste pas longtemps à l'appellation du mollusque. Je ris légèrement, me redressant en la regardant. « Aque absolument, Bob ! » Je souris, joyeuse, penchant la tête sur le côté en regardant la brune, curieuse. Quel vilain défaut que celui-là. « Et pourquoi tu voulais - encore - ne pas parler ? S'est passé un truc ? »