Je suis née à Sydney en Australie le 15 mars 1990. Ma mère m'a dit qu'elle n'a jamais eu aussi peur ni été aussi heureuse que ce jour là, que le jour de ma naissance. A cette époque, elle n'avait que vingt ans. Elle vivait seule dans une petite chambre d'étudiante sous les toit d'un vieil immeuble du centre ville. Jeune fille très indépendante, elle avait déjà coupé les ponts avec ses parents trop autoritaires depuis quelques années. Elle m'a souvent dit qu'elle avait été livrée à elle-même et qu'elle en avait tant pris l'habitude qu'elle s'était dit que cela ne lui coûterait rien de garder le bébé qu'elle portait, même en étant une mère célibataire. Et tout ce que j'ai toujours su à propos de mon père, c'est qu'elle ne l'a vu qu'une fois, le jour de ma conception et qu'elle n'a jamais cherché à le retrouver. Pour ma part, je n'ai jamais voulu aborder ce sujet avec elle, ne jugeant pas cela utile. L'absence de mon père ne me dérangeait pas et j'aimais profondément ma petite vie avec ma mère, plus spécialement parce qu'elle ne ressemblait en aucun cas aux vies de famille de mes amis ou connaissances. Elle ne s'est jamais réellement comporté comme un "parent" avec moi. Je l'ai toujours vue comme une amie, une confidente, mais pas comme ma mère. L'autorité n'avait pas de place dans notre petit foyer, nos maîtres mots étant la liberté et la confiance. Beaucoup disent que ce genre de relation peut s'avérer toxique, néfaste, que c'est donner une mauvaise éducation à son enfant. Je ne vais pas dire que c'est complètement faux étant donné que cela a tout de même eu de sacré répercussions sur ma scolarité et mon caractère, mais pour ma part je ne l'ai jamais mal vécu. C'était la belle vie : pas de contraintes, pas de soucis. HAKUNA MATATA.

En primaire j'ai fait la rencontre d'un garçon, Charlie. Il était dans ma classe et étant donné que je ne traînais jamais avec les filles, c'est en sa compagnie que j'ai passé une bonne partie de ma scolarité. Il faut avouer que nos débuts n'ont pas été de tout repos ni des plus simples. Il se prenait pour le chef des garçons et n'acceptait pas une fille dans son groupe d'amis de son âge. A cette époque j'avais très mal pris ce rejet, si bien que j'ai décidé d'entrer en guerre contre lui pour me faire ma place parmi eux. Cela s'est finalement terminé à coups de pieds dans les tibias en plein cours de sport. Nous avons tous deux été punis et c'est en passant une heure en retenue que nous avons appris à faire connaissance. A partir de ce jour, Charlie et moi sommes devenus amis et c'est quelques année plus tard, au collège, qu'il m'a présenté à son frère Elias de trois ans son cadet et au reste de leur petite bande. La différence d'âge n'a jamais constitué un problème pour moi car je me suis toujours comportée comme une gamine, encore aujourd'hui. Je n'étais pas très mature et le fait qu'ils me considèrent comme une aînée me donnait un petit pouvoir sur eux que j'appréciais beaucoup. J'ai toujours pris beaucoup de plaisir à aider Charlie à les guider, les enrôler dans des situations toujours plus loufoques les unes que les autres. Ils étaient comme les frères et soeurs que je n'ai jamais eu. Charlie était le chef de la bande, Silas et Elias étaient les clowns, les gros gamins, Peter la belle gueule et Lan XXXX. Quant à moi, j'étais la grande toujours prête à contrer les décision de Charlie et à entraîner les plus jeunes loin des sentiers battus.

Une fois arrivés au lycée, Charlie et moi avons commencé à nous comporter différemment l'un envers l'autre, à tenter des choses que nous n'aurions jamais imaginé quelques mois auparavant. Il est devenu plus tactile avec moi, j'ai commencé à lui faire les yeux doux sans réellement m'en rendre et nous sommes devenus particulièrement proches. Il faut dire qu'en quelques années, Charlie est devenu un jeune homme plutôt séduisant et son physique ne restait pas sans effet sur moi. Quelque chose de nouveau est né entre nous et nous n'avons pas trop cherché à nous poser de questions sur ce que c'était. En tout cas c'était le cas pour moi. Charlie me plaisait, j'avais appris à le connaître mieux que n'importe qui et je me suis laissée aller, flirtant avec lui sans modération. Plusieurs fois nous nous sommes embrassés dans le coin d'un couloir du lycée, à l'abris des regards indiscret. Lorsque j'y repense, je me rends compte aujourd'hui que cette relation était assez étrange. Jamais nous n'avons définit ce que nous étions. Dans ma tête, il était mon meilleur ami et plus si affinités.

Sauf que dans sa tête, cela allait bien plus loin que ça. Tandis que je n'envisageais aucune relation sérieuse avec lui (ni avec qui que ce soit d'autre d'ailleurs), lui s'était imaginé que nous étions ensembles, que j'étais sa copine. Je ne me suis pas rendu compte de ce malentendu, malgré les remarque que faisaient nos camarades de classe. Tout était clair selon moi et ce n'est que plus tard que j'ai compris que personne n'a jamais rien compris à ce qu'il se passait entre nous deux. J'ai finalement pris conscience qu'il y avait quelque chose qui clochait un peu avant que la bande n'aille à son tour au lycée. Nous avions quinze à dix-huit ans et nous avons commencé à faire de plus en plus de soirées ensembles. C'est lors de l'une d'entre elles que la bombe a explosé. Sachant que je n'avais pas établis la nature de ma relation avec Charlie, je n'avais pas pensé que de flirter avec son frère sous ses yeux l'aurait poussé dans une colère folle. Il m'a accusé de le tromper, a accuser son frère de vouloir lui piquer sa copine. C'était l'horreur. Ce soir là, j'ai pris conscience des sentiments que les frères Moriarty avaient pour moi. Ils m'aimaient tous les deux. Elias probablement pas autant que son frère, voyant en moi la jolie fille plus âgée avec qui on s'amuse bien. Apparemment, ce n'était pas la première fois qu'ils se disputaient à mon sujet. J'ai finit par avoir une discussion avec Charlie, lui expliquant que dans ma tête nous n'étions pas ensemble et que je ne me sentais pas prête à m'engager avec qui que ce soit. Pourtant, ce que je ressentais pour lui était réel, mais c'était tout simplement impossible pour moi de l'avouer, de l'accepter. Quelques semaines plus tard, il était parti.

Le jour de mes dix-neuf, ma mère a eu comme un déclic en tête. Je ne sais pas bien pourquoi ni ce qui lui a pris, mais elle s'est décidée de me révéler la vraie identité de mon père. Je soupçonne qu'elle ait fait ça après avoir vu une émission stupide sur les enfants qui ne connaissent pas leurs origines. Elle m'a dit de but en blanc que mon père était un homme marié à l'époque où il l'a connue et que c'est pour ça qu'il n'est pas resté avec elle. Il avait déjà une fille, donc plus âgée que moi, et il ne pouvait pas quitter sa famille comme ça, pour une inconnue. Je pense que je n'aurais jamais cherché à le retrouver si ma mère ne m'avait pas dit qu'il n'étais pas au courant de mon existence et que j'avais une demi-soeur quelque part. J'ai donc pris son nom, son prénom et ai cherché tous les Sorensen possibles et imaginables. Une fois trouvé, j'ai cherché à me rendre chez lui et en toquant à la porte, je suis tombée sur une jeune fille en deuil. Ma demi-soeur aînée. Car en plus d'apprendre que mon père venait de décéder, j'ai appris que j'avais une autre soeur, plus jeune que moi. Le choc fut tellement rude que je n'ai pas cherché à donner mon identité et j'ai fait semblant de m'être trompée d'adresse. Je ne voulais pas rajouter plus de douleur à celle que ces deux filles vivaient déjà. A quoi bon chambouler leur vie ? Je suis donc rentrée à Sydney, mettant de côté mes espoirs d'un jour connaître mes demi-soeurs. Rien ne pressait après tout.

Une fois le lycée terminé, je n'ai pas cherché à continuer mes études. J'en avais assez de rester assise et d'écouter des profs me parler. Je me suis donc faite embaucher dans un magasin de jeux vidéos et j'en suis assez satisfaite. Je ne vis bien entendu plus chez ma mère, même si je suis toujours en aussi bons termes avec elle. Je passe toujours autant de temps avec la bande, qui s'est d'ailleurs agrandie lorsque Amber et Lussy nous ont rejoins. J'ai immédiatement eu un bon feeling avec la première, si bien que je l'ai prise sous mon aile et qu'aujourd'hui nous avons tendance à nous liguer contre tous ces garçons quand quelque chose ne tourne pas rond. Quant à Charlie, je n'ai plus eu de nouvelles de lui jusqu'à il y a peu. En effet, Elias m'a dit que son frère allait revenir en ville à la demande de ses parents. Son retour me perturbe un peu car son départ m'a fait énormément de peine. Puis je n'ai pas vraiment changé ces dernières années, je suis toujours aussi immature que je l'étais lorsque nous traînions ensembles. Je ne sais pas ce que ça va donner entre nous, en admettant qu'il ne m'ait pas oubliée. De plus, son frère lui en veut toujours autant et leur rivalité risque de se raviver lorsque Charlie posera à nouveau ses bagages. Et la situation sera d'autant plus compliquée que je me suis mise en couple dernièrement avec Stanislas, un type que j'ai rencontré par le biais de Lan. C'est rien de sérieux, on s'entend juste bien, mais je doute que cela plaise à tout le monde, et encore moins à Lan qui le déteste.