La nuit était tombée. Dans l'appartement, les lumières étaient tamisées et des bouteilles vides jonchaient le sol. Ce soir, Lynly et Timy avaient décidé de se faire une petite soirée entre coloc' plutôt qu'aller se défoncer le crâne dans un bar ou une boîte de nuit. La colocation était amputée d'Alex, qui était sorti on-ne-sait-où. Alors ils étaient là, tout les deux, assis l'un à côté de l'autre. Elle rigolait comme une folle, l'alcool coulant littéralement dans ses veines. Timy tourna légèrement la tête vers elle. « maintenant qu'on a descendu l'peu d'alcool qu'on avait, passons aux choses sérieuses toi et moi. lança-t-il, en tirant sur son top coat. Alors, cap ou pas cap Severide ? » demanda-t-il, plantant ses prunelles dans les siennes. Elle fronça les sourcils avant d'échapper un nouveau rire. « pour un mec bourré, tu perds pas l'nord.» répondit-elle, en se relevant. Bien sûr qu'elle était cap, quelle question. Elle passa ses mains sous son top afin de le retirer. C'est pas comme si il ne l'avait jamais vu en soutient-gorge. Ses yeux restaient sur lui. « Cap ou pas ? » continua-t-elle, montrant son pull. Il se releva sans un mot, et le retira. Face à elle, ses yeux dérivaient jusqu'à son pantalon avant de scruter de nouveau son visage, arquant son sourcil. Pas besoin qu'il pose la question pour qu'elle sache ce qu'il voulait exactement. Elle s'exécuta donc. Un silence, long silence. Timy se rapprocha d'elle, et leur lèvres se touchèrent, sans comprendre le pourquoi du comment. Elle passa les mains autour de son cou, il la plaqua contre le mur. La suite allait sans doute être la pire erreur de sa vie.

∞

Maintenant, elle était là, comme une idiote, face à l'inconnu. Assise dans ce café, seule. Cette soirée était resté un peu flou dans son esprit, mais pourtant le mystère planait. Pourquoi avoir fait ça ? Enfin, ils étaient potes, comme frère et soeur, entre eux il n'y avait jamais eu la moindre ambiguïté. Cette nuit-là, ils n'avaient plus le contrôle d'eux-même. En voici les conséquences : deux semaines. Deux semaines qu'elle était dans le doute le plus total. Du retard, le mal au coeur. Et si c'était juste psychologique ? Comme si elle avait tellement peur que ça arrive qu'elle en avait tout les symptômes. Ouais, c'était fort probable. La blonde avait quand même décidé d'en parler à Timy. Après tout, il avait autant sa part de responsabilité qu'elle, elle ne pouvait pas le laisser dans l'ignorance, au risque de perdre son amitié qui était bien trop précieuse à ses yeux. Elle lui avait donné rendez-vous au starbuck, afin d'en parler plus sérieusement. Le jeune homme avait parut étonnement calme, ce qui l'a rendait encore plus nerveuse. Ses lèvres trempant dans son café, les yeux rivés à la fenêtre, elle n'attendait qu'une chose : qu'il arrive et qu'il la rassure.

Ses yeux jonglaient entre la vitre et la porte. Chaque portes ouvertes la rapprochait un peu plus de l'évidence, de cette conversation qui allait finir par arriver. Les sentiments de Lynly étaient mitigés. D'un côté, elle voulait rester le plus loin de Timy, comme pour se persuader que tout ceci n'était qu'un maudit cauchemar, qu'elle allait se réveiller et que la vie allait reprendre son cours normal. Mais au plus profond d'elle-même, elle voulait vraiment ce rendez-vous, rien que pour revoir le jeune homme. Plusieurs semaines qu'ils s'évitaient, royalement. Plusieurs semaines qu'ils ne s'adressaient pas la parole. Ni de regards complices, ni de rires, ni de câlins pour se réconforter. Et cela lui manquait. Timy lui manquait. Son frère lui manquait. La porte s'ouvrit une énième fois, puis elle sentit une silhouette derrière elle. Pas besoin de se retourner pour savoir que c'était lui. Il déposa un furtif baiser sur sa joue, comme il le faisait avant, quand il voulait la protéger. « Je suis là Lyn. Pour qu'on discute toi et moi.  » lança-t-il, alors que son regard le suivit jusqu'à ce qu'il s'installe sur la banquette. Ses yeux dévièrent légèrement sur la fenêtre, fuyante. Même si la situation était étrange, elle avait l'impression que plus rien de grave ne pouvait lui arriver, maintenant qu'il était présent. « je me doute que tu n'es pas là pour me parler de ta dernière cuite timy. » répondit-elle. Le sarcasme, sa seule arme pour se protéger. Elle ne voulait pas lui montrer la moindre faille, ni passer pour le petit oiseau paumé tombé du nid. Alors elle préférait se la jouer sans pression. Même si elle ne paraissait pas franchement convaincante. « t'as déjà fait un test ou pas encore ? » demanda-t-il. Et bah, il ne passait pas par quatre chemins quand il voulait parler, et il n'y mettait encore moins les formes. Ses prunelles se plantèrent enfin dans les siennes pour le scruter un moment. Cette grossesse ne restait que de l'ordre de l'hypothèse, et elle avait préféré qu'elle reste ainsi avant de lui en parler.  « belle entrée en matière. lança-t-elle, avant de lâcher un soupir et de baisser les yeux. j-j'ai pas osé. J'avais peut-être trop peur du résultat. » avoua-t-elle, en un murmure. Elle colla ses mains sur sa tasse. Voilà, c'était posé : elle avait peur. Il ne s'en rendait pas compte, Timy. Si jamais elle était vraiment enceinte et qu'ils décidaient de garder le têtard, c'est elle qui allait supporter les nausées matinales, voir son ventre grossir et compagnie. Elle avait vingt-et-un ans elle, elle avait le temps de faire un bébé. Avoir un polichinelle dans le tiroir, là, maintenant, n'était pas prévue dans le programme. « J'ai deux test dans la poche intérieur de ma veste ... C'est le moment où jamais lyn. On doit être sûrs. » lui fit-il remarquer. Lynly fronça les sourcils. Wow, il était prévoyant, Timy. Si il aurait pu l'être ce soir là, ils ne retrouveraient certainement pas dans cette situation aujourd'hui. Elle scruta la salle du regard avant de reposer son attention sur lui. « là, maintenant ? » dit-elle. Il la prenait un peu de court là. Elle se voyait mal voir son avenir bousculé dans les toilettes d'un café.

« Oh c'est lié quand même parce qu'il semblerait que la dernière fois que je me suis pris une vraie cuite, j'ai réussit à te foutre en cloque. » lança-t-il. Elle roulait des yeux. Ca, c'était franchement pas drôle. Même pas drôle du tout. Et puis elle n'aimait pas franchement le petit ton qu'il employait. C'était de sa faute hein, s'il avait utiliser son bout de cellophane, ils ne seraient pas là, comme deux idiots, à débattre sur un hypothétique foetus. Il était toujours comme ça, Timy. A montrer qu'il était au-dessus de tout le monde à cause de son fric, à toujours vouloir le dernier. Elle trouvait ça marrant d'habitude, mais aux vues des circonstances, cela ne la faisait pas franchement rire. Elle fronça les sourcils. « j'aime pas trop la façon dont tu m'parles là timy. Parce qu'à t'écouter, tu serais l'genre de type à m'laisser avec un mioche sur les bras. » pestait-elle entre ses dents. Si ils n'étaient pas dans un café bondé, elle serait sûrement en train de jouer l'hystérique à l'appartement. Si il jouait au con, elle ne lui pardonnerait jamais, c'est une certitude. Enfant s'il y a, il avait intérêt de prendre ses responsabilités, au risque de ne plus pouvoir se reproduire du tout.  Ses prunelles suivirent le mouvement lorsque la main du brun se posa sur la mienne. Sûrement une manière de la rassurer. « Faut que tu ... Faut qu'on le fasse Lynly. On peut pas rester dans l'ignorance indéfiniment. On a besoin de savoir pour prendre la décision adéquate. » essayait-il de la convaincre. Perspicace. C'est sûr qu'ils fallaient le faire, effectivement. Au moins ne serait-ce pour qu'ils ne soient pas pris de court dans neuf mois en pleine nuit parce qu'elle aurait perdu les eaux. Timy lui conseilla de le faire à l'appartement, elle hocha la tête. « j'pense que c'est le mieux, oui. Il faudrait juste le faire quand alex bosse, au risque de ne pas se faire gauler en train de le faire. J'me vois pas me lancer des explications pour le moment. » lui dit-elle. Le connaissant un minimum, elle savait que leur troisième colocataire leur ferait sûrement une scène puisque, de un, ils s'étaient mis d'accord pour qu'il n'y ait pas de coucheries entre coloc', de deux, parce que timy est son meilleur ami et qu'il se devait de lui en parler et de trois, parce que voir dans neuf mois un gosse brailler toute les trois heures lui fera péter un plomb. Lynly, elle se voyait gérer la crise d'alex alors qu'elle n'arrivait même pas à gérer la sienne. Alors qu'il revenait de nouveau s'asseoir avec un café, elle sentait que quelque chose se tramait. « écoute Lynly, faut que tu saches ... mais ... J'ai quelqu'un dans ma vie. Et je pense pas que ce bébé lui ferait plaisir. » balançait-il. Bam, le ciel lui tombait sur la tête. Elle passa ses mains sur son visage. « oh bordel de merde. » lança-t-elle. Bordel. Putain. De merde. Celle-là, elle l'avait pas vu venir. Elle s'est bien prit le boomerang en pleine poire. Comme si la situation n'était pas assez compliquée. « attends, t'étais déjà avec quand on a... ? Ca veut dire qu'en quelque sorte, ça a fait de moi la garce, la traître, la maîtresse ?! » s'exclama-t-elle, les yeux ronds comme des billes.

« Je te laisserai pas ... Je vous laisserai pas. Jamais. » déclara-t-il. Sa voix semblait être un peu plus cassée qu'à la normal. En levant les yeux, elle s'aperçut que le visage de timy avait changé. Il paraissait touché par les paroles qu'elle venait de prononcer. Chaque mots l'avait percuté en plein coeur, ressassant le passé qu'il voulait oublier. Bien qu'il n'était pas du genre expansif lorsqu'il s'agissait de son enfance, Lynly savait pertinemment qu'elle n'avait pas été facile, son père s'étant évaporé comme un nuage de fumée. Une blessure qui ne s'est jamais vraiment refermé et qui laissait une trace impérissable. L'espace d'un instant, elle se sentait mal d'avoir balancé cette phrase complètement stupide. Bien sûr qu'il n'allait pas la laisser, elle le savait. Il ne voulait pas répéter les erreurs de son patriarche, et puis, ils étaient liés tout les deux. Pas seulement par cette nuit qui aurait des répercussions. Ils étaient liés par tout le reste. Certes, ils n'avait pas le même sang, mais c'était tout comme. Ils appartenaient à la même famille. Sur le fil de sa vie, timy était son ombre, à la rattraper au moindre faux-pas. « je sais. toi et moi, c'est à vie après tout, non ? » dit-elle, serrant sa main pour le réconforter. A vie, c'est une certitude, comme les deux doigts d'une main. « tu sais timy, je ne veux pas te forcer à quoique ce soit. Certes, tu as des responsabilités dans ce qui s'est passé, mais j'comprend que ça peut être assez dur à gérer. » continua-t-elle. Okay Lynly, t'es carrément contradictoire là. Elle venait de le sermonner quand au fait qu'il pourrait la laisser seule, et là, elle lui sort le couplet du 'j'peux très bien me débrouiller seule'. Il faudrait peut-être se mettre au point un de ses quatre. Mais c'est en parlant de cette fille qu'elle se rendit compte à quel point elle se devait de ne pas bouleverser la vie du jeune homme. Elle ne pouvait pas lui faire ça, pas à lui. « J'crois que je serai prêt à me ranger pour elle. » finit-il par dire. Elle releva la tête en sa direction, un léger sourire sur le visage. « wow, timy sloan est sur la voie de la guérison. » lança-t-elle, un rire s'échappant de ses lèvres. Il semblait heureux. Du moins, il avait l'air amoureux, chose qu'elle n'avait jamais vu chez lui. A l'appartement, les filles défilaient oui, mais jamais une seule n'avait tenu le choc. Elle semblait différente. Alors s'il se sentait bien, elle en était ravie. « j'suis contente pour toi, vraiment. Et je ne veux être 'la fille' qui se met entre vous.» dit-elle. A cet instant précis, elle se sentait tel un odieux personnage. La maîtresse. Assez ironique comme situation, connaissant la relation qu'elle avait avec le jeune homme. Pourtant, sous la forme, c'était la stricte vérité. Elle était persuadé que cette fille était quelqu'un de bien, et en aucun cas elle voulait faire de mal à qui que ce soit. Si bébé il y a, elle ne pouvait pas se permettre de le garder, pour éviter les dommages collatéraux.