« Oui Caly… Oui ne t’inquiètes pas ça ne me dérange pas. Calme toi j’arrive.  » Il était près de vingt-deux heures lorsque mon téléphone avait sonné affichant le nom de Calypso comme émetteur de l’appel. La jeune femme étant enceinte de plus de sept mois je n’avais pas tardé pour décrocher et j’avais bien fait puisque j’avais trouvé mon amie en panique au bout du fil. Après quelques mots échangés, je l’avais légèrement calmée lui promettant d’arriver au plus vite, heureusement nous vivions dans le même quartier, à quelques pâtés de maisons. Sortant de mon lit dans lequel je m’étais mise pour apprendre mes derniers cours de droit, j’enfilais rapidement un sweet et un jean, mettais mes baskets et pris mon sac pour me diriger vers la porte de l’appartement. Joey était dans le canapé devant un film, je pris soin de lui dire où j’allais. « Je vais voir une amie, je reviens vite. » Je n’avais pas passé la soirée avec Joey pour réviser et voilà que je sortais voir une amie… Je n’étais pas très crédible mais je le fis quand même. Et puis pour une fois, je n’avais pas à répondre de mes actes auprès de ma sœur car je ne lui confiais pas ma fille. En effet, quelques jours auparavant, au détour d’une rue Nélya avait lâché ma main pour se précipiter dans les bras d’un inconnu, inconnu pour moi mais pas pour elle. Après plusieurs conversations avec ce jeune homme, j’avais appris le connaitre mais surtout j’avais su qui il était. Et ce soir, la petite était chez lui, elle était chez son tonton Sean comme elle le disait si souvent, le meilleur ami de Joshua qui lui avait fait office d’un peu de famille pendant son exil ici. Je n’avais donc pas de responsabilités ce soir, pas de responsabilités de mère, juste celle d’amie et j’étais bien décidée à les remplir. En quelques rapides enjambées, j’étais au pied de l’immeuble de la jolie blonde qui m’avait appelée quelques minutes plus tôt. Je sonnai à l’interphone et bien vite elle m’ouvrait pour que je puisse monter ce que je fis tout aussi rapidement, réellement inquiétée par son appel. Calypso était l’une des rares personnes avec qui je m’étais liées dans cette ville même si, ici à Sydney, j’avais beaucoup plus d’amis ou de contacts positifs que je n’en avais jamais eu à New Heaven, à croire que j’étais bien la Romy infecte de mon passé mais en moins infecte… J’avais rencontré la jolie blonde au café où elle travaille et à force de le fréquenter nous avions fini par parler. Cette rencontre avait tout ce qu’il y a de plus basique mais de fils en aiguilles elle avait laissé place à une belle amitié d’autant plus qu’une chose nous liait : j’avais Nélya, ma fille, elle, elle allait avoir un bébé. Plantée devant la porte sur le pallier, j’attendais maintenant que Calypso m’ouvre la porte ce qu’elle n’avait pas l’air décidée à faire ce qui m’inquiéta d’autant plus. Devant la porte, je me mis donc à bougonner. « Aller Caly ouvre bon sang ! » La porte finit par s’ouvrir doucement sur la blondinette alors que j’avais déjà pris mon téléphone au fond de mon sac pour l’appeler.

Pour mes amis, pour les gens qui comptent pour moi, je ne comptais pas, ni les heures, ni les moments, ni à l’heure à laquelle on m’appelait j’étais présente. Être présente pour les autres c’était e quelque sorte m’oublier moi, me faire penser à autre chose qu’à ma misère et c’était ce que je recherchais. Comme Joey en avait plus que mare de me voir boire et coucher, elle ne pouvait pas me blâmer d’être près des autres à n’importe quel moment pour penser à autre chose, quoi que, elle trouverait toujours à redire que je n’étais pas assez présente pour ma fille lorsqu’elle se réveillait la nuit et ce genre de chose. Elle avait raison certes mais là, pour Calypso, c’était un cas de force majeur. J’aurais bien emmené Nélya si elle n’avait pas été endormie mais là, elle dormait depuis plusieurs dizaines de minutes déjà, il était donc impossible qu’elle vienne avec moi et puis même si j’étais persuadée que la blondinette n’allait pas me retenir toute la nuit, je ne voulais pas voir la petite fatiguée et ne pas pouvoir la coucher dans son lit parce que mon amie avait besoin de moi. Joey la gardait s’était mieux, et puis elle était un peu habituée maintenant en quelque sorte. J’étais vite arrivée chez Calypso car son appel m’avait inquiété et lorsqu’elle ouvrit la porte elle ne me rassura pas. Elle était complètement paniquée parce que son bébé ne bougeait pas. Je comprenais bien qu’à ce stade de la grossesse il était inquiétant de ne pas sentir son bébé, qu’on le sentait souvent bouger normalement, mais j’étais impuissante. Ayant fait un déni de grossesse jusqu’à l’accouchement je n’ai jamais eu le gros ventre, les nausées et les coups du bébé. Je ne pouvais donc pas dire à mon amie mon ressenti ni même ce que je faisais pour sentir mon bébé puisque je ne l’avais jamais senti avant de l’avoir dans mes bras, mais ça elle ne le savait pas. J’eus donc un moment de silence complet où je restais surement la bouche ouverte complètement bête devant la situation avant de me reprendre.« Calme toi Caly et viens t’allonger là tu as une mine affreuse. » Je refermais la porte derrière moi et conduisis mon amie jusqu’à son canapé pour qu’elle s’y étende. « Tu ne l’as pas senti bouger de la journée ? Pas du tout ? Tu es sûre que ce n’est pas parce que tu n’y as pas fait attention parce que tu as couru dans tous les sens ? » La blondinette travaillait encore beaucoup et parfois elle gérait le café seule alors peut être qu’elle n’avait pas eu le temps de penser à elle et son bébé. Je ne voulais pas l’affoler, pas penser au pire et surtout je sentais bien que si elle m’avait appelé s’était pour la rassurer et qu’elle n’ait pas à aller à l’hôpital, quoi que s’il fallait y aller pour s’assurer que tout allait bien nous irions. « Je ne sais pas quoi te dire, quoi te dire de faire… » Je ne pouvais pas être plus honnête mais la blonde devait bien se demander pourquoi j’avais l’air aussi déboussolée face à une situation que je devais connaitre. « Attends. Ton bébé, il réagit quand tu fais quoi ? Quand tu lui chantes quelques chose ? Quand tu danses partout ? Quand tu prends un bon bain ? Quand est ce que tu le sens le plus quoi ? »

Je sentais la panique monter chez mon amie et je savais que je ne parviendrais pas à contrôler la mienne pendant très longtemps. Je tentais donc de penser à un moment heureux. Le premier qui me vint à l’esprit fut le moment où Joshua avait décidé de céder à ma demande, de me laisser entrer dans la vie de Nélya parce que oui c’était bien lui qui finalement avait fait de la réticence. En effet, après m’avoir retrouvé je lui avais clairement fait comprendre que je n’étais pas du tout prête à prendre mon rôle de mère, pas plus prête que quatre ans en avant au moment de l’accouchement. Il l’avait surement assez mal pris mais n’avait pas baissé les armes. Il avait attaqué une nouvelle fois, puis une autre et encore une autre. Il n’avait pas cessé pendant plusieurs semaines avant de me laisser à mon triste de sort de jeune étudiante irresponsable qui ne changera jamais et ne pourra jamais assumer. Mais j’avais fini par changer et j’étais revenue vers Joshua, je m’étais alors pris un bon nombre de refus puis il avait baissé les armes et nous avions repris notre vie de coupe tout d’abord pour qu’il s’assure de ce que je voulais et il m’avait présenté Nélya. Cela avait été comme une deuxième naissance mais il n’y avait, une nouvelle fois, pas eu de grossesse. Si cette histoire me permettait de rester zen, la fin m’affolait encore plus parce que je n’avais pas vécu de grossesse contrairement à ce que Calypso croyait. Est-ce que je devais le lui dire maintenant ? Je ne pensais pas car elle n’allait pas être rassurée mais tout de même, elle comprendrait surement mieux. « Caly tu travailes trop ! Tu dois faire attention et te ménager… pour le bébé et pour toi !  » Je n’étais pas la meilleure des amies d’ordinaire, bien au contraire, je détestais écouter les jérémiades de mes soi disantes amies mais lorsqu’elles étaient de réelles amies je pouvais me transformer. « Reste calme, on va attendre un peu et si tu ne le sens toujours pas on ira à l’hôpital. » Il valait mieux que la demoiselle attende un peu pour voir car le petit avait tout simplement pu se faire oublier toute la journée se sentant de trop dans la journée marathon de sa mère. Je ne doutais pas qu’il allait se réveiller d’un moment à l’autre. En rigolant je m’approchais du ventre de mon amie et pris une petite voix douce. « Hey baby chou c’est tata Romy. Ta petite blague était bien trouvée mais maintenant maman s’inquiète alors fais nous signe, casse moi le nez avec ton petit pied si tu veux mais fais un signe ! » Je relevais mon visage du ventre de mon ami avant de lui répondre. « Je… Je ne sais pas du tout ce qu’il se passé Caly… Je n’ai jamais été enceinte… Enfin je n’ai pas eu de grossesse… J’ai appris que j’étais enceinte le jour où j’ai accouché… Je n’ai jamais senti mon bébé dans mon ventre ni tous les trucs que toi tu ressens et par lesquels tu passes. » Soit Caly restait calme, s’intéressait à mon histoire et nous parlions pendant que bébé terminait sa sieste, soit elle s’affolait et alors là c’était l’hôpital assuré à moins que l’affolement de sa mère réveille le bébé. Les deux solutions n’étaient pas mauvaises en fait.

Romy et Calypso

les choses les plus simples sont les plus belles

∞ j'ai l'impression que mon bébé fait une crise d'épilepsie dans mon ventre !

Mon bébé était tout ce que j'avais de plus cher au monde. Je n'avais plus de famille en dehors de mon frère aîné, je n'avais plus de petit ami car le papa avait décidé de nous quitter, et mes amis se comptaient sur les doigts de la main. C'était ce petit être qui grandissait en moi un peu plus chaque jour qui me faisait me lever chaque matin. C'était pour lui que je travaillais, pour pouvoir l'élever dans le meilleur confort possible, pour qu'il soit heureux et en bonne santé. Il était aussi ma principale motivation à continuer mes études, car je voulais qu'il soit fier de moi, de sa maman. « J'ai peur Romy.. Que se passe-t'il ? » Bien sur, mon amie n'était pas médecin, je me doutais bien qu'elle n'avait pas la réponse à ma question, mais je fut sous le choc lorsqu'elle m'apprit qu'elle n'avait pas vécut sa grossesse de façon ordinaire, et qu'elle ne pouvait ainsi pas m'aider. J'imaginais sa surprise lorsqu'elle alla à l'hôpital ce jour là, une jeune femme insouciante et naïve, mi-femme, mi-enfant, apprenant qu'elle allait être mère dans seulement quelques heures. Je voulais en savoir d'avantage, je voulais qu'elle me raconte son histoire, mais ce que je voulais le plus à ce moment là, c'était avoir la certitude que mon bébé était en bonne santé. « Oh... » Je ne savais pas quoi répondre, j'avais milles questions à lui poser mais mon inquiétude prenait le dessus sur ma curiosité. « Romy, il ne bouge toujours pas... » Nous étions restées bien trois minutes dans un silence complet après que mon amie avait tenté de parlé à mon ventre rebondi. Probablement les minutes les plus longues de ma vies. Mon coeur battait à tout rompre, si bien que j'en avais la tête qui tourne. « Je ne peux plus attendre, j'ai trop peur... est-ce que tu peux m'emmener à l'hôpital ? » Sans vraiment attendre la réponse, je tentai de me lever d'une façon très sensuelle -ironiquement - et attrapai mon sac et mes clés. Ma tachycardie faisait trembler mes jambes et me troublait la vue, si bien que je dû m'arrêter un instant pour reprendre mes esprits. Je pris une profonde inspiration, expirai calmement et recommençai deux ou trois fois avant de me sentir mieux.

HJ: