❝ La tempête finit par se calmer, après avoir déraciné les arbres, dévasté les maisons. Le vent se tait, les nuages se dissipent, la pluie s'arrête. Tout à coup le ciel s'éclaircit, et c'est là, seulement là, dans le calme qui suit la tempête, qu'on découvre qui a été assez solide pour y survivre. ❞
Tess déambulait doucement sur la plage, le regard perdu, divaguant sur l’horizon clair et bleu. Il faisait beau à Sydney, comme souvent au cours de l’année. Même l’hiver était agréable à vivre ici. Même si la belle enviait les hivers froids et blancs de l’Europe. Il y avait quand même un grand vent, et Tessa se réchauffa en passant ses mains sur ses bras, serrant son gilet marron autour d’elle. La blonde finit par s’asseoir sur le sable doux, en continuant de regarder les vagues s’écraser contre les rochers, se laissant bercer par l’odeur iodée qui émanait de l’eau. L’océan. Son remède. La plage de Bondi était tellement belle, et tellement calme à cette période de l’année. D’habitude noire de monde l’été, la plage était aujourd’hui très claire et calme, un véritable coin de paradis et de plénitude. Loin de l’agitation du centre de la ville, Tessa venait se ressourcer plusieurs fois par semaine. Et de plus en plus depuis quelques jours, pour échapper à tout. A son monde, son mari, sa famille. Pour échapper à elle-même. Elle n’en pouvait plus.
Brusquement elle se leva. Fit un pas, puis deux, puis trois. En direction de l’océan. Je veux vivre, se disait-elle. Vivre. Mourir. Bientôt ses pieds touchaient l’eau froide, le sable coulait le long de ses orteils, alors qu’elle avançait encore, les pieds tétanisés par le froid. Elle voulait avoir mal, elle voulait sentir de nouveau, sentir autre chose que ce vide immense. Fais moi vivre, suppliait-elle. Fais moi vivre. Toujours ce vide, après plusieurs minutes passée dans l’eau glacée. Ça ne suffisait pas, ça ne lui faisait rien. Ni chaud, ni froid. La belle australienne avançait à nouveau de plusieurs pas, les mouvements alourdis par l’eau, engourdis par le froid. Elle avançait difficilement, et trébucha. Elle tomba à genoux, de l’eau jusqu’à sa poitrine. Elle était trempée, elle tremblait, mais son regard, elle entière semblait vide de tout sentiment.
Un moment plus tard, elle sortit de l’eau et se rassit sur la plage. Son sac à main était resté là, personne n’avait fait attention à elle. Tremblante, elle en sortit son téléphone portable et chercha dans le répertoire difficilement. Elle haletait, elle s’était fait peur. Elle porta le cellulaire à son oreille et murmura au bout de quelques secondes : « J’ai besoin de toi.. S’il te plait… » Elle avait vraiment du mal à parler. Elle sentait sa sœur paniquée, ce qui la fit pleurer. « J’suis à Bondi beach.. Je bouge pas.. Je t’aime.. » Elle raccrocha rapidement et reporta son regard sur l’océan, laissant couler ses larmes.
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