Ton premier coup de foudre, tu l'as eu pour ta guitare, cette superbe Gibson que tu avais vu dans la boutique au coin de la rue, à deux pieds de chez toi. T'avais 14 ans, et un soir avec tes potes, tu t'es éclatée à lancer un défis à ton meilleur pote : et si vous foutiez en l'air la vitre de la boutique. Celle de cette putain de belle Gibson... Tu as lancé la première pierre, lui la deuxième puis la vitre s'est brisée. T'as eu l'air con, mais c'était le bon temps, un véritable délire, t'as attrapé ta guitare. Elle était enfin à toi, tu la tenais dans tes mains. Les sirènes de l'alarme ont retenti et ont couvert vos rires, et ta danse de la joie a été écourtée. Vous vous êtes barrés, vous avez toujours fait les 400 coups, lui et toi. Ton meilleur pote, 4 ans de plus que toi, avec qui tu montrais sûrement un groupe un jour ou l'autre... Ton frère t'as toujours cassé les ovaires avec lui, mais toi tu t'en foutais, lui c'était ton meilleur ami, ton dieu et ce que les autres pouvaient te dire, t'en avais rien à foutre.

T'as grandi, mais t'as pas arrêté tes conneries. T'as réussi à convaincre ta mère que t'étais faite pour la musique, mais ton père c'était une autre histoire. Pour leur faire plaisir t'as fais une majeur mineur, majeur droit, mineur musique. Et tu voyais toujours ton meilleur pote, celui qui ne t'avais jamais quitté, celui à qui ton frangin avait déjà foutu son poing dans la gueule mais qui restait là... Pourtant t'avais rien fait de mal, Seb t'avais juste trouvée, à moitié à poil sur la plage dans les bras d'Hayden, ton fameux meilleur pote. T'as fait la gueule à Sebastian, des semaines, des mois, tu lui en voulais d'interférer dans ta vie. T'avais plus 14 ans mais 18, et tout se profilait plutôt bien pour toi. C'est là que tu montais ton groupe, avec Hayden, ton Hayden. Qui jouait avec ta nerfs, avec ton putain de cœur que t'avais pourtant passé du temps à barricader dans ta cage toraxique. Mais putain, chaque nouvelle conne qu'il ramenait à votre local de répétition t'avais juste envie de la tirer par les cheveux et de la sortir à grand coup de pied au cul. Il était à toi. Et vous avez trop joué. Joué comme deux cons, avec les sentiments de l'autre, sans jamais oser vous dire ce qu'il se tramait dans vos cœurs. T'aurais du lui dire qu'il comptait pour toi, t'aurais du lui dire que tu l'aimais à en crever, mais tu as toujours eu ta putain de fierté. A la place, tu lui donnais des défis à la con comme si vous aviez encore 15 ans : «  Je te parie que tu n'arrivera jamais à te faire la meuf de notre pianiste... ». Il l'avait fait. Tu l'avais insulté, il avait compris, il t'avait demandé de lui dire ce que tu ressentais, mais t'as toujours eu ta putain de fierté. Il attendait juste ces deux putains de mots et t'avais pas été capable de les lui sortir. Pourtant lui, il avait eu les couilles de le prononcer ce fameux « je t'aime »...