Ce devait être un soir relativement banal mais c'était sans compter sur les incroyables capacités de Bronte à tout transformer en moment mémorable. En bien comme en mal. Cette fois, c'était dans la seconde catégorie que la soirée pouvait être classée. Tout avait pourtant commencé calmement : un skate park, une poignée de riders, quelques bières. Rien de bien méchant. Et puis, sans qu'ils ne sachent exactement comment, cette session s'était transformée en virée dans Sydney. Le bruit des roues sur le bitume résonnait dans les rues vides. Chacun faisait des figures, là où il le sentait : un banc, un mur, des escaliers, une rembarre, tout était bon à prendre. C'était vite devenu une compétition implicite à qui fera le meilleur saut, la meilleure combinaison. Bee avait beau être la seule fille, elle ne se laissait pas distancer. Mais, à vouloir toujours en faire plus, on finit par se casser royalement la gueule. Ca n'avait pas manqué. La jeune Hemsworth se retrouva sur le sol sans qu'elle ne puisse expliquer comment. Ca aurait évidemment pu en rester là, elle n'en était pas à sa première chute. Cependant, elle avait eu la formidable idée d'atterrir sur des fragments de verre. Putain d'ivrognes, ils pourraient faire attention. Elle se relevait pour constater les dégâts, elle s'approcha donc du lampadaire le plus proche pour y voir suffisamment : ses genoux étaient ensanglantés mais rien de grave, par contre son avant-bras droit était couvert de blessures dans lesquelles s'étaient lovés des petits bouts de verre mais, surtout, un gros d'environ quatre centimètres de long. « Génial. » soupira-t-elle. Elle savait pertinemment ce qui l'attendait : une nouvelle soirée aux urgences. Elle avait beau affirmer à ses potes qu'elle allait bien, que ce n'était rien du tout, aucun d'eux ne la laissa repartir. Elle avait besoin de points, c'était évident. Face à tant de certitude, elle ne pouvait pas lutter, elle se voyait obligée d'abdiquer. On lui appela un taxi, dans lequel elle monta seule, refusant que quiconque ne gâche sa soirée pour elle. Ses amis payèrent le chauffeur et lui firent promettre de ne l'emmener qu'au Royal Prince Alfred Hospital et nulle part ailleurs. Ils ne la connaissaient que trop bien.
C'était donc après quinze bonnes minutes à discuter avec Kurt -chauffeur de taxi d'origine néo-zélandaise- qu'elle passait la porte des urgences, son avant-bras relevé pour ne pas le cogner. Elle n'avait pas eu la bêtise de retirer le morceau de verre, bien que l'idée lui ait traversé l'esprit plus d'une fois. On tire d'un coup sec et on n'en parle plus, non ? Les urgences étaient, bien entendu, débordées. Après qu'elle ait rempli le formulaire -qu'elle connaissait à présent par cœur-, et qu'elle eut pris la brillante décision de dire la vérité pour une fois : non non ça fait pas si mal, on la plaçait sur un lit dans un couloir. Assise, son skate sur les genoux, l'infirmière lui promit qu'un médecin ne tarderait pas à venir la voir. Oui oui bien sûr... Ce n'était pas la première fois qu'elle entendait cette chanson. Si seulement elle avait pris ses bouquins de bio, elle pourrait bosser, ça changerait, ou si elle était dans la salle principale, elle pourrait discuter avec son voisin mais là, elle était seule. Lamentablement seule.
Elle tint une demi-heure assise sans rien faire à part balancer ses jambes dans le vide. Puis, elle alla demander un feutre noir et commença à dessiner sur le dessous de sa planche. C'était brillant, pourquoi n'avait-elle pas pensé à ça plus tôt ? Heureusement qu'elle était gauchère. Ce petit manège lui fit perdre la notion du temps si bien qu'elle ne fut sortie de ses créations que par une voix masculine prononçant son nom. « Mlle Hemsworth, je suis le docteur Thompson. » Elle leva la tête vers le soi-disant doc. Waw, il avait une tête à sortir tout droit d'une série télé. Est-ce que l'infirmière lui avait donné des pilules contre la douleur ? Est-ce qu'elle était en pleine hallu ? Non. Elle n'avait fumé qu'un joint aujourd'hui et c'était il y a des heures, elle était donc parfaitement lucide. « Vous ressemblez pas à un docteur. J'crois plutôt que vous vous êtes échappé de la partie psychiatrique de cet hosto et que vous allez me couper en rondelles. » dit-elle avec un brin d'ironie dans la voix, puis ajouta avant qu'il n'ait le temps de répliquer : « Vous êtes trop beau pour être intelligent. » Bronte et son naturel. Elle ne s'inquiétait même pas de savoir si ses propos pourraient offenser son interlocuteur et encore moins s'ils pourraient le mettre mal à l'aise.
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✽ Mar 25 Mar - 18:35
« Bronte & Liam : »
« Liam tu t'occupes des urgences ce soir, avec Lydia, Dina, et Jensen. » Je me retiens de soupirer et hoche la tête. Les urgences ce n'est pas ce que je préfère loin de là, trop de gens, pas assez de lits, beaucoup de bruit, la tension, le stress, le surmenage et beaucoup de café. Moi je préfère le calme du bloc, même si là dedans on a généralement beaucoup de pression, ce n'est pa la même ambiance que dans les urgences. Il y a des gens de ma promotion qui veulent rester dans les urgences, être aux premières loges, en gros des chirurgiens généraux, moi ce n'est pas ma tasse de thé vous l'aurez comprit. Mais je ne suis qu'un interne pour le moment, et même si mes supérieurs tentent de me coller en général dans ce qui me branche le plus, il arrive un moment où ils n'ont pas le choix et me mettent aux urgences. Bon je ne me fais pas vraiment d'illusion : je sais très bien que si ils le font c'est parce qu'ils ont peur que mon père ne les aide plus avec leurs problèmes. Enfin je sais aussi que maintenant c'est aussi grâce à mes capacités, disons que les deux vont de paire...
Je change de blouse, pour changer de couleur surtout et montrer aux infirmières rapidement dans quel service je suis ce soir, je prends un café à la machine et descend rapidement les escaliers. Quand je suis en bas j'ai déjà terminé mon café et le jette dans la poubelle. J'entends beaucoup de bruit derrière la grande double porte qui a le chic de s'ouvrir pour laisser passer des brancards toutes les 5 minutes environ. Ca va être une très longue nuit. Je pousse le battant et déjà deux infirmières me sautent dessus. Comme je l'avais prédit : plus de monde que de place, il y en a entrain d'attendre déjà dans la salle d'attente alors qu'il est encore tôt... Je vais donc me renseigner pour mon premier cas en prenant le dossier rempli par les infirmières. Une grippe tout d'abord. Deuxième cas : une entorse, puis un bras cassé, puis un traumatisme crânien après une chute dans les escaliers. Vous l'aurez compris c'est pas palpitant, mais la médecine ça passe aussi par là je l'aurais compris après toutes ses années. Au bout de 3h je me prends 3 secondes de pause pour aller respirer un peu d'air frais...
On vient me chercher au bout de ses 3 secondes pour me ramener, en me parlant d'éclats de verre, et d'une fille. Je me dirige donc dans le couloir où on la mise parce qu'évidement il n'y avait plus de place dans la salle d'attente. « Mlle Hemsworth, je suis le docteur Thompson. |» Une entrée en matière comme les autres. La jeune femme est entrain de dessiner sur son skate boeard, et elle semble reprendre ses esprit quand je lui parle, apparement les éclats de verre que j'aperçois ne la dérange pas plus que ça... Un jolie minois se tourne vers moi, et là je dois dire que je ne m'attends pas à une telle réponse. Après un moment d'hésitation je rigole de bon coeur. « Et bien Mlle Hemsworth je vais vous montrer que c'est tout à fait possible, venez avec moi. » Avant de partir chercher ma patiente j'ai demandé aux infirmières de me faire une place pour que je puisse m'occuper d'elle, et donc je pars en premier pour découvrir le lieu. Bon ce n'est pas vraiment un lit conforme où elles m'ont trouvé de la place, mais au moins j'ai tout le matériel nécessaire. « Asseillez vous, s'il vous plait, je vais regarder votre bras. » J'attends qu'elle prenne place, et tire moi même un tabouret pour commencer l'oscultation. « Vous vous êtes fait ça comment ? » Je prends la paire de gant poser sur la petite étagère à ustensiles et lève les yeux vers ma belle patiente. Je crois que c'est la meilleure apparition de la soirée...
Le rire sincère du jeune docteur la fit l'apprécier instantanément. Et puis, ça la changeait des urgentistes à qui elle avait d'ordinaire affaire. Ils étaient moins agréables à regarder et rarement sympathiques. D'un côté, elle les comprenait, ils devaient préféré les cas graves et excitants que les mésaventures d'une gosse un peu trop téméraire. Elle n'était pas encore sûre d'échapper au fameux discours sur la prudence mais s'il évitait de lui faire la morale, alors il se rapprocherait un peu plus de l'homme idéal. Son frère Austin la suppliait déjà assez souvent d'être plus vigilante, elle n'avait pas besoin que quelqu'un d'autre lui rappelle à quel point elle était insouciante. Puis, son existence serait d'un ennui si elle ne prenait pas quelques risques. Elle trouvait le moto live fast die young complètement idiot mais force était d'avouer qu'elle opterait toujours pour l'excès et la démesure. Elle, elle voulait vivre vite et mourir vieille. Si possible. Lorsqu'il lui dit de le suivre, elle se leva, prit son skate sous son bras gauche puis trottina derrière lui. Ils ne retournèrent pas dans la salle principale des urgences. Tant mieux, elle n'aimait pas les pleurs des autres patients, ou les protestations de ceux qui affirmaient qu'ils attendaient depuis bien trop longtemps. Elle, elle avait bien compris que se plaindre ne les feraient pas venir plus vite. Au contraire, il valait mieux prendre son mal en patience. Ou avoir une blessure grave. Quand son pote Ethan avait accepté un de leurs défis débiles et qu'il avait fini inconscient avec le crâne ouvert, ils ne l'avaient pas faire attendre lui.
Bee entra dans une pièce à la suite du doc, elle n'étais jamais venue ici, peut-être était-il vraiment un tueur finalement. Elle pouvait crier bien assez fort pour que rien ne lui arrive, elle ne craignait rien et c'était mieux que de se faire soigner dans un couloir tout de même. Elle déposa sa planche contre le mur près de la porte et s'assit comme il le lui demanda. Il fallait donc être docteur pour qu'elle exécute les ordres qu'on lui donnait. Elle jeta un coup d’œil à son avant-bras lorsqu'il le mentionna, elle avait presque oublié pourquoi elle était là et non tranquille dans les rues de Sydney. Les petites coupures étaient insignifiantes malgré la présence des petits éclats de verre, quant à la plus importante blessure, le gros bout -de ce qui semblait être les vestiges d'une bouteille de vin- bloquaient apparemment tout saignement. « Je suis tombée en skate et j'ai atterri sur du verre. Enfin que mon bras. » répondit-elle, son short laissant apparaître ses genoux eux aussi rougis et râpés. Elle aurait peut-être du mettre des genouillères et coudières comme le lui avait conseillé le dernier médecin qui l'avait réparée lors de sa précédente visite. Elle aurait l'air fin avec un tel attirail, elle en était certaine. Elle haussa légèrement les épaules. « J'avais bien commencé pourtant, j'pensais pas goûter au goudron. » commenta-t-elle.
Il s'approcha d'elle, sur son tabouret, et l'auscultation débuta alors. Elle le regardait toucher la plaie sans broncher. Elle n'était pas vraiment douillette, elle n'aurait pas un tel comportement si elle avait peur d'avoir un peu mal de temps à autre. « Alors, comment vous allez vous y prendre, docteur T. ? » demanda-t-elle à propos du bout de verre.
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✽ Dim 30 Mar - 13:17
« Bronte & Liam : »
Il est rare de voir de belle jeune femme aux urgences pour ce genre d'incident. En général quand j'en croise c'est plus à cause d'une maladie, ou alors dans un énorme accident et là elles ne sont plus jolies, et elles ne recherchent pas mon attention en temps qu'homme, mais sinon en temps que personne qui va leur sauver la vie. Or ici j'ai droit au cas d'une jeune casse cou. J'ai déjà soigné nombre de jeunes à cause de ce genre de blessure, mais une fille c'est la première fois. Au moins ça à le mérite de me changer agréablement de d'habitude. Elle me suit donc dans le couloir pour arriver dans la pièce où les infirmières ont déposé le matériel. Je lui demande de s'asseoir et jusque là elle m'écoute sans broncher. C'est déjà ça, je ne sais pas quel genre de personne s'est mais souvent dans ce genre de cas la personne à été conduite de force à l'hôpital et refuse d'y rester plus longtemps parce qu'elle "n'a rien". Serait elle venue ici de son plein gré, et donc c'est pour ça qu'elle a attendu bien sagement ? Possible, et ça ne l'a rend que plus sympathique pour moi, je n'aime pas me battre avec mes patients quand ils ne veulent pas rester bien sagement en place le temps que je les soigne. Je suis patient c'est un fait, mais quand c'est la 10 ieme personne qui se compte comme ça, ça devient redondant.
Je tends la main pour qu'elle me donne son bras, et j'essaye de l'attraper sans lui faire de mal. Il y a beaucoup d'éclat de verre en surface, mais il n'y en un qu'un seul qui soit réellement fiché profondément dans le bras. Tant mieux, ça veut dire que je n'aurais besoin de faire de point qu'à un seul endroit, le reste pourra être soigné plus facilement. Laors que j'évalue comment je vais m'en sortir pour nettoyer le bras, elle me raconte comment elle est tombée. J'hoche la tête, ce n'est pas la première fois que j'entends ce récit. « Et il y avait des morceaux de verre sur la route non? Vous avez eut de la chance de ne pas en avoir davantage sur le corps... » A première vue seul le bras a son lot de morceaux de verre, mais on est jamais trop prudent pas vrai ? Surtout vu la façon dont elle est habillé. Mais aucun autre endroit ne semble touché, juste les genoux rapés. C'est déjà ça de gagner. Je pense que lui faire un sermon sur le fait qu'il ne faut pas faire du skateboard en short ne servira pas à grand chose. A mon humble avis ce n'est pas la première fois qu'elle fait ce genre de cascade, sinon elle serait plus inquiète de sa blessure au bras.
« Je vais tout d'abord enlever les petits éclats, désinfecter le tout, puis je m'attaquerais au gros morceau, et faire les points. Ca vous va Mlle ? » Ce n'est qu'une question rhétorique que je lui pose parce que je vais de toute façon faire comme ça. J'ai bien entendu quand elle m'a appelé docteur T., comme si je faisais vraiment parti d'une série télévisée comme Grey's anatomy ou je sais pas trop quoi encore. Celle là on me l'avait jamais faite encore. Avec une petite pince j'entreprends plus sérieusement de décoller les petits éclats. « Est ce que ça vous fait mal ? Ca risque d'être long, on peu soulager la douleur un peu si vous voulez. »
De la chance ? Elle n'en est pas certaine, elle aurait pu atterrir n'importe où mais il avait fallu qu'elle tombe sur la seule petite zone avec du verre. Sans ça, elle aurait, certes, été amochée mais aurait continué à rider tranquillement. Mais, après tout, elle est plutôt en charmante compagnie à l'heure actuelle et n'a pas tellement de raisons de se plaindre. Elle hausse faiblement les épaules. « Oui j'imagine qu'on peut appeler ça de la chance... » dit-elle, peu convaincue. Un autre en aurait profité pour lui glisser deux mots sur la prudence mais lui n'en fait rien. Tant mieux. Elle le regarde s'affairer sur sa blessure. Il prend son temps, c'est rare. Il n'a pas cet air débordé qu'arborent les médecins urgentistes, il n'a pas non plus l'air agacé de devoir s'occuper de son incident mineur alors qu'il pourrait être en salle d'opération. Ou s'il l'est, il le cache très bien et c'est tout à son honneur. D'ordinaire, elle a le droit à ce regard et à ce ton qui veut dire : tu n'as pas envie d'être là, moi non plus, donc finissons-en au plus vite. Il lui explique alors comment il va s'y prendre et elle est impatiente qu'il lui enlève ce gros bout de verre. Elle ne le sent plus vraiment en réalité. Elle a connu pire. Entre une fracture et cette ridicule blessure, le choix est vite fait. « Je vous fais confiance. » souffle-t-elle un brin charmeuse. Quitte à être seule avec lui autant en profiter pour le tester. Elle se doute qu'il ne répondra pas à une quelconque approche, il est sur son lieu de travail, il se doit d'être professionnel. Mais sera-t-il gêné si elle se montre avenante ? Ou fera-t-il comme si de rien n'était ? Elle a bien l'intention de le découvrir plus tard. Il faut bien qu'elle se divertisse la pauvre. Sa soirée n'est peut-être pas complètement foutue en fin de compte.
Docteur T. commence alors à lui enlever les petits bouts de verre avec une pince. Est-ce qu'elle a mal ? Non. Est-ce qu'elle veut quelque chose contre la douleur ? Elle n'est pas du genre à refuser n'importe quelle pilule qui pourrait la faire planer. Ses yeux s'illuminent mais elle ne veut pas paraître trop enthousiaste, il pourrait la prendre pour une junkie et refuser de lui donner quoi que ce soit. Elle se mord la lèvre inférieure avant de dire une idiotie. « Si vous pensez que c'est nécessaire. » dit-elle simplement après quelques secondes de réflexion. Elle n'est pas sûre que ce soit la meilleure réponse mais, au moins, elle ne paraît pas trop excitée à l'idée d'avaler une petite pilule magique. « Par contre, je suis allergique à l'aspirine. » ajoute-t-elle. Cette allergie lui a causé suffisamment de soucis par le passé, elle n'a pas envie de subir de telles complications ce soir. Il n'a pas l'air idiot, il aurait sans aucun doute vérifié son dossier médical avant de lui administrer un médicament de toute façon. Elle imagine qu'il n'a pas eu le temps avant de la rencontrer étant donné le nombre de patients en attente. « C'est quoi votre spécialité ? » demande-t-elle. « Médicale, je veux dire. » ajoute-t-elle ensuite avec un léger sourire, se rendant compte que sa question restait plutôt vague... Ils ont du temps devant eux, autant apprendre à se connaître un petit peu.