LUKA&MARIPOSA ► Ma philosophie c’est d’ignorer le problème jusqu’à ce que j’en sois complètement débarrassé.

C’était pathologique. Mariposa était incapable d’arriver à l’heure. Alors elle courrait, tout le temps. Enfin, elle skatait.  Sa planche était constamment vissée à ses pieds. Elle ne sortait jamais sans et se déplacer très peu autrement qu’avec « son bébé » comme elle aimait l’appeler. Une voiture ? Pourquoi faire, répondait-elle, un sourire faussement étonné sur le visage. Elle n’en voulait pas, n’en avait jamais eut et se portait très bien ainsi. Les voitures, elle pouvait en squatter une s’il pleuvait, parce qu’elle trouvait toujours une âme charitable envers elle pour l’emmener d’un point A à un point B. Mais Mariposa ne se servait jamais des gens, du moins hormis s’il s’agissait de relation sexuelle. Elle n’était pas foncièrement méchante, seulement triste, anéanti, trahi. Alors, elle fuyait les relations sociales lorsque celle-ci n’était pas obligatoire et lorsqu’on ne lui forçait pas trop la main. Elle acceptait les gens qui faisaient des efforts pour ça. Ceux qui pensaient que son amitié leur étaient dû, se retrouvait bien souvent démuni lorsqu’elle leur répondait à peine, de son ton détaché et en minaudant comme si elle se fichait pas mal de ce qui sortait de leur bouche. Et clairement, souvent, c’était bel et bien le cas.  

Elle n’avait aucune raison spécial de l’être pourtant ce soir. Parce qu’elle était sur les lieux du « rendez-vous » qu’on lui avait fixé normalement. Mais mademoiselle avait eu envie d’aller acheter une bouteille de coca parce qu’elle mourait de soif et n’avait qu’une envie : boire quelque chose de sucré. Du coup au lieu d’attendre sagement que son rendez-vous avez son professeur soit passé, elle avait décidé de trouver un petit magasin pour acheter ce qu’elle désirait. Son skate sous les pieds, elle n’avait pas mit autant de temps que ça pour rejoindre le supermarché le plus proche. Mais évidement il avait fallu que ça soit le seul jour pour qu’une stagiaire prenne la seule caisse libre et qu’une mère de famille soit devant elle et que la caissière prenne absolument tout son temps pour faire passer les articles. Et comme si cela ne suffisait pas, la mère de famille avait dû appeler… son mari surement car elle ne se souvenait plus de son code de carte bleu. Du coup Mariposa était en retard. Terriblement en retard et elle pesta à voix haute contre les deux femmes jusqu’à pénétrer dans l’université. Elle allait se faire tuer.

Parce que Dreyfus était un cinglé. Clairement. La philosophie avait beau être une de ses matières favorites, leur professeur était lui parce contre, complètement fou. Pas dans le sens où comme on l’attend de tout être aimant la philosophie au point de vouloir l’enseigner et dont la qualification première était donc d’être perché très très haut. Non, le professeur Dreyfus était fou dans le sens où ses excès de colère avaient rebuté plus d’un élève à assister au cours suivant. Malgré tout, Mariposa elle, ne lâchait pas l’affaire et se contentait de s’assoir en plein milieu de la salle en espérant que l’heure soit intéressante et que Dreyfus ne pète pas un plomb sur elle. Du coup, quand il l’avait convoqué, au vu de ses dernières notes, elle savait que ça allait chauffer pour elle. Et elle trouvait encore le moyen d’arriver en retard. Et donc de mettre encore plus les nerfs en pelote de son prof à rude épreuve. Le pire, c’est qu’elle le trouva en train de fumer à la fenêtre de la salle. Elle ne sut pas quelle position adopter. « Ça fait presque 20 minutes que je t'attends comme un con. J'peux savoir pourquoi tu arrives si tard ? » Et il répondit pour elle. Elle avala sa salive avec difficulté. Pourtant elle connaissait les coups de rage, elle en avait essuyé plein. Mais bien sûr la colère d’un professeur n’était pas la même que celle d’un petit ami. Elle prit parti de s’excuser. « Pardon, j’ai été retardé en allant acheter quelque chose à boire. » Et elle décida même de ne pas mentir. Ça n’était pas le moment. Elle savait son professeur au bord de la crise de nerf et n’était pas certaine de vouloir en être la victime. Déjà qu’elle allait certainement subir une remontrance enflammée simplement parce que depuis quelques temps elle n’était ni attentive, ni assidu, autant ne pas l’énerver encore plus.

Elle envisagea un instant de lui dire tout de suite pourquoi était-elle ainsi depuis quelques temps, mais elle ne le fit finalement pas. Ses déboires amoureux et « l’anniversaire » de la mort de son petit-ami n’intéressait personne. Surtout pas lui. Alors elle tenta le diable avec un sourire éclatant : « Pourquoi vous m’avez demandé de venir ? » Le cœur n’y était pourtant pas. Sourire vide.