Les cours de droit de la faculté de Sydney ressemblaient traits pour traits à ceux de Yale. Le droit applicable dans les deux pays restaient semblablement le même dans le fond, il l’était peut être d’ailleurs dans le monde entier, mais je ne m’étais pas penchée sur cela pour le savoir. Pour le moment je ne voulais qu’une chose : dénicher les spécificités du droit australien pour les apprendre, ne pas me faire avoir et continuer de me pavaner dans les cinq premiers de ma promotion comme je pouvais le faire en Amérique. Avec les changements dans ma vie, la décès de Joshua, le déménagement, la petite à gérer, cette nouvelle ville, cette nouvelle vie, je n’étais pas sûre de parvenir à être aussi excellente que je le voudrais mais j’aimerais tout de même faire de mon mieux pour ne pas dire que je n’ai pas essayé au moins. En élève assidue et déterminée, j’assistais à tous mes cours, les cours magistraux en amphithéâtre comme les travaux dirigés en petit groupe, les cours importants avec un gros coefficient comme ceux qui rapportent moins…. Tout. Je ne voulais rien louper, rien avoir à me reprocher sur ce plan là, j’en avais déjà assez sur le plan personnel. Aujourd’hui était un cours comme un autre et comme d’habitude j’y étais. Le droit général ne m’intéressait guère mais je n’avais pas d’autre choix que d’y assister pour ne pas me ramasser sur les grands principes du droit australien. Cependant, je fus agréablement surprise de voir que, pour une fois, le professeur avait décidé de revoir un peu la manière de faire son cours. Il voulait plus de participation des élèves pour le rendre plus attractif. Un point positif pour lui, je n’allais pas le décevoir, en même temps il fallait bien que le peu d’élèves présents participes parce qu’autrement, même avec toute sa bonne volonté, ce serait un échec. A son premier questionnement, je levai la main pour répondre comme la petite fille polie et bien élevée que j’étais mais j’entendis la réponse fuser derrière moi plus haut dans l’amphithéâtre. Ce jeune homme, Maxime, n’avait eu aucun mal à tomber les politesses pour se faire remarquer. Qu’à cela ne tienne. La deuxième question fut posée, puis la troisième… et ainsi de suite. Le cours se transforma rapidement en une véritable joute entre le jeune homme et moi-même sous le regard des autres étudiants qui osaient à peine parler entre eux au milieu de nous. Le prof fut amusé de voir ce petit affrontement et surtout content, à la fin, que pour une fois, au moins deux de ses étudiants aient un petit peu écouté, chose rare. Lorsque le cours fut terminé, une chose ne changea pas, tout le monde se précipita vers la sortie et moi la première. Prenant un café au distributeur en passant, je pris ensuite la direction des casiers où j’avais dépose mon code civil ce matin, code dont j’avais besoin maintenant. Non loin de mon casier j’aperçus Maxime, le nez fourré dans le sien, de casier. Un sourire aux lèvres et mon café chaud toujours dans les mains je me dirigeai vers lui puis m’appuyai sur la ferraille, juste derrière la porte de son petit coin personnel.« Tu sais ce n’est pas en répondant presque aussi bien que moi aux questions de Monsieur Swanson que tu gagneras de l’avance sur moi… J’ai un atout non négligeable que tu n’as pas ! » Je le fusillais du retard pour lui faire comprendre que son anatomie ne faisait pas le poids face à la mienne tout simplement parce qu’un homme reste un homme et aucun d’eux ne sait résister à une belle femme. Modestie du jour, bonjour.

S’il y avait bien un domaine dans lequel j’étais plus que sure de moi c’était mon domaine d’étude, le droit. Cependant avec le changement de pays, de continent et d’université, je n’étais pas aussi intrépide ici, il fallait que je prenne mes marques. En revanche, il était inconcevable pour moi de ne pas montrer mes connaissances de ne pas montrer la bonne élève que je suis alors lorsqu’un jeune homme aussi mignon qu’agaçant parce que presque aussi doué que moi commença à répondre aux questions du professeur, je ne tardais pas de le rejoindre et une petite compétition tacite s’installa entre nous, les quelques autres élèves mais aussi le professeur en étant les spectateurs. Heureusement pour tout le monde, enfin surtout pour nous, le cours passa vite et à la sonnerie tout le monde ne tarda pas à sortir de la salle pour se précipiter vers un autre cours. Moi je pris la direction des casiers et ne fus pas la seule puisque le beau Maxime était là aussi. Ma fierté légèrement mise à l’épreuve face à son petit manège ne tarda pas à me pousser vers lui pour le provoquer. « Je crois que c’est parce que je suis intelligente et vraiment douée mais qu’en plus je suis une fille que je réussirais oui. » Un sourire s’afficha de part et d’autre de mon visage. Il ne pouvait pas faire face à une fille ayant plus d’assurance que moi, au moins en apparence, parce qu’avec les évènements récents j’avais quelques peu perdus de mon assurance réelle et naturelle. « Je pense que tu es meilleur que moi en matière de fayotage mais pas en connaissance, le prof s’en apercevra bien vite ! Et oui admet que l’Amérique t’a apporté une concurrente de taille ! » Mon sourire ne disparaissait pas et il n’était pas prêt de le faire, je ne voulais pas m’écraser devant lui, si je commençais comme cela quelle réputation j’allais avoir ici après ? Celle de la fille peureuse et facile ? Je n’en voulais pas. « Paries sur qui tu veux… Mais paries avec moi histoire d’avoir plus d’argent que je n’en ai pas déjà et de pouvoir savourer ta défaite en directe… Une défaite par KO causée par moi-même et en utilisant simplement mon sourire et ma bonne humeur… Quand je parle d’atout, je ne suis pas de ce genre de filles à aller loin pour réussir ! » Je le toisais. Devais je lui dire qu’il avait devant elle une fille qui avait été deux fois de suite première de sa promotion en première et deuxième année puis ensuite deuxième et troisième ? Non ce serait une surprise pour lui et une perte d’argent bien méritée s’il osait parier sur quelqu’un d’autre que moi ce que je trouvais sexiste au plus haut point ! Quelle mentalité ces hommes !