Une seule idée te viens en tête. Ca ne va pas. Tu ne l'as pas vu depuis trois ans et la chose la plus importante que tu as en tête et d'être belle. Te sentir belle pour te sentir à l'aise, bien que tu ne penses pas que tu le pourras. Tu n'es pas du genre à faire quelque chose sur un coup de tête, oh ça non. Tu planifies, te élabores des plans B, C et même D. Tu as de plus en plus peur de ne pas maîtriser ta vie. Le psy t'as dis que c'était un choc post-traumatique. Tu lui as rit au nez de ce rire qui hérisse le poil des autres, qui irrite. Ce rire qui montre que tu te sens supérieur et que tu penses que l'autre est une merde. Le psy n'avait pourtant pas bronché, soulignant ton évitement face à la situation et cela t'as légèrement vexé. Tu es partie du cabinet en claquant la porte et tu n'es plus allée voir de spécialiste..
Pourtant ce matin, en te réveillant, tu as eu cette idée en tête. Le voir. Tu étais en sueur, un cauchemar de plus. Et tu ne pensais qu'à ça, qu'à lui. Tu es allée au boulot, mais tu n'étais pas concentrée. Tu t'es fait taper sur les doigts pour ton manque de concentration et d'efficacité. Tu étais tellement obnubilée par ton idée que tu n'avais pas pensé à répliquer. Tu voulais planifier, mais comment planifier ça ? Impossible.
Alors t'es là, devant ton miroir à te triturer le cerveau pour tenter de maitriser quelque chose que tu ne peux pas maitriser. Abandonnant l'idée, tu laisses la robe blanche que tu as mis, tu jettes ton sac sur ton épaule et tu sors comme une tempête de chez toi.
* * *
Tu ne bouges plus. Tu es plantée devant sa porte. Tu souris, loin d'être étonnée par la prestance de la villa. C'est tout à fait lui, comme dans ton souvenir. Extravaguant, extraverti, opulent. Mais tu n'as plus le courage de sonner. Tu ne le veux plus. Pourquoi donc ? A quoi bon ? Peut-être serait-ce une autre qui t'ouvrira. Peut-être qu'il t'as oublié. Tu entends quelque chose qui tombe et qui casse. Apparemment il est là, et spontanément tu sonnes quand même. Oui, spontanément. Cela fait tellement longtemps que tu n'as rien fait spontanément. Ca a commencé lorsqu'il est parti, et ça a empiré depuis quelques mois. Mais tu as tourné des talons pour t'enfuir, seulement la porte s'est ouverte quelques secondes trop tôt.
• J’vais pas vous mentir, je n’ai aucune idée de quoi mon destin sera fait, si je serais un de ces alcooliques qui passera son temps à jacasser, à baragouiner des phrases incompréhensible. Un chapelier fou, complètement détruit de l’intérieur comme tous ces pauvres spectateurs du 11 septembre 2011 ou encore d’un attentat à la bombe dans je ne sais quel pays ? Je ne sais pas comment je serais, qui je serais, où je serais. Qu’est-ce que la vie a décidé de me réserver comme surprise ? A-t-elle envie de me voir monter au sommet tel mon père, ou au contraire, me descendre, provoquer un big bang en moi, me laissant limite pour mort avec tout mon argent, mais aucun ami, rien à quoi je pourrais me raccrocher. Une vie de désespoir, une vie qui donnerait envie de dégueuler à n’importer qui… Alors j’essaye de faire en sorte de m’en sortir, de trouver ne pas devenir un de ces clichés que l’on peut voir partout, le genre de riche qui s’amuserait à exploser sa Lamborghini dans un mur toutes les semaines, qui irait tremper son biscuit dans n’importe qu’elle moule pas fraiche, n’importe qu’elle crasseuse avec un minimum d’argent, ce vieux gars dont tout le monde parle en mal, cette putain de vieille merde n’acceptant pas la réalité, fuyant chaque problème, chaque calomnies, je ne veux pas être ce genre de personnes, je ne veux pas être celui dont on se fou de la gueule toutes les semaines dans tous ces magazines de merdes, qu’ils aillent tous se faire enculé, j’vais reprendre la place de mon père et vous allez me léchez le doigts de pieds ! Putain je casse un verre en m’énervant tout seul, sans aucune raison… « Faudra venir nettoyer y’a un verre péter dans la cuisine ! » Avais-je gueulé, ouais, c’est moi qui l’ai cassé, mais c’est pas moi qui vais le nettoyer, crevez la gueule ouverte pour me voir faire ça. Ça sonne. « Putain… » Sorti de ma bouche, comme si ça me faisait chier. Je n’aimais pas ne pas être prévenu de l’arrivé de quelqu’un, je détestais ça, en fait, j’avais l’impression d’être pris au dépourvu, de ne pas être préparé pour recevoir cette personne. « C’est ouvert mais fait gaffe à ce que tu vas faire en rentrant ! » Ma voix avait gueulé ça en direction de la personne qui se trouvait derrière la porte, j’allais quand même pas aller ouvrir, et puis, si la personne était là pour une mauvaise chose, elle n’allait pas tarder à voir mes gardes du corps lui sauter dessus… J’me dirige dans le salon sur mon grand canapé en cuir, et j’prête pas attention à la personne qui vient de sonner… •
C’est ouvert mais fait gaffe à ce que tu vas faire en rentrant ! Tu n'oses pas tout de suite. La maison à l'air loin d'être calme et tu te dis que tu déranges, mais il t'a invité à entrer après tout. Tu ouvres la porte et passes lentement le pas de la porte. La villa est magnifique. Il passe sans même te remarquer. Sans même un coup d’œil pour toi. Tu ne lui en tiens pas rigueur, tu aurais certainement agit de la même manière. Il se laisse tomber dans son immense canapé et tu te dis que s'il est seul, c'est quand même triste. Avoir une si grande maison pour être seul, c'est insensé mais après tout c'est de Yuri que tu parles. Tu avances timidement. C'est rare chez toi, la timidité mais aujourd'hui, il semble que tu te laisses aller à beaucoup de choses inhabituelles. Un mec plus que baraqué te barre le chemin et te fais signe de montrer l'intérieur de ton sac. On t'as jamais dit qu'il était impoli de fouiller le sac d'une dame, connard ? Ca, c'est toi et ton répondant sympathique. C'est ton amabilité naturelle et c'est peut-être cela qui a interpelé Yuri. Tu le vois sursauter. Alors le gorille n'a plus aucune importance pour toi. Parce que ce n'est pas lui que tu es venue chercher dans cette villa.. Tu es venue chercher un fantôme de ton passé. Un homme qui est aussi ta faiblesse aujourd'hui. Et tu as déjà perdu trois ans alors ce n'est pas la frigo qui te fait face qui va t'empêcher de vivre ce moment comme tu l'entends. Hé ! Tu vas bouger ton cul ou me laisser sur le pas de la porte, sale petit gosse de riche ? En le voyant, c'est différent. Tu le connais, tu sais comment lui causer. Quelque chose d'ancien revient et ça te submerge. Quelque chose de rassurant : se taper dessus pour se prouver qu'on s'aime. Tu espères seulement que l'ancien Yuri existe encore.
• Je me moque bien de la personne qui est venu sonné à ma porte, je sais quand je vais recevoir une personne importante, et cette fois ci, ce n’était pas le cas, mon putain d’agenda que je m’efforçais à tenir à jour n’indiquait aucun rendez-vous avec je ne sais quel gratte papier de mes deux aujourd’hui. Alors t’avais beau sonner, j’en avais rien à branler de ce que tu me voulais, j’allais pas tarder à t’expulser d’une façon assez charmante, d’une façon que seul moi maitrisais à la perfection. Alors, je laisse tout mon corps tomber dans mon putain de canapé, jusqu’au moment où j’entends une voix. « On t'as jamais dit qu'il était impoli de fouiller le sac d'une dame, connard ? » Mon cœur loupe une marche. J’ai l’impression d’être figé, de ne plus pouvoir bouger, comme si j’étais paralysé. Cette voix me rappelle celle de Stasya, mais, j’dois surement rêver, vous avez vraiment cru qu’elle allait se faire chier à venir en Australie ? Putain, mais rêve pas tête de nœud, la dernière fois que tu l’as vu elle t’as foutu une claque dans la gueule et elle t’a laissé partir, alors croit pas qu’elle va revenir pour s’excuser ou je sais pas quoi… Cette fille, c’est du passé… Du moins, c’est ce que tu te dis quand tu vas baiser toutes ces chiennes, mais au fond, tu sais très bien que c’est elle et pas une autre, tu sais très bien que tu t’en voudras toute ta vie… « Hé ! Tu vas bouger ton cul ou me laisser sur le pas de la porte, sale petit gosse de riche ? » Je n’ose pas me retourner par risque d’être déçu, car je sais que ce n’est pas elle, sa voix était plus douce, l’intonation n’est pas tout à fait la même, alors c’est bon, je peux me retourner et la remettre à sa place, d’où elle me parle comme ça ? « Mais tu vas fermer ta gueule put… » Avais-je lâché tout en me retournant. Je ne pouvais terminer ma phrase, car lorsque mon demi-tour fus finit, elle était là, devant moi… C’était bien elle, mais putain de bordel de merde, qu’est-ce qu’elle branle ici ? J’manque de me casser la gueule du canapé en la voyant. « Anastasya… » Rien d’autre n’arrive à sortir de ma bouche, je reste choqué en fait… •
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