Il est 4h02 du matin, et c'est décidé, c'est la dernière fois.. ". Keziah n'a que 17 ans, mais elle n'en peut plus. Elle n'en peut plus des allers retours, des pays, des langues, des visages qui changent constamment. Ils viennent de rentrer, enfin, chez eux. Leur vrai chez eux. Son lieu de naissance. Son paradis. Keziah voit enfin ses montagnes, ses plaines à perte de vue. Keziah est rentrée au Wyoming. Mais c'était trop beau. C'était trop simple. Là bas, c'est leur ranch. Enfin "leur".. Façon de parler. Le nom sur l'acte de propriété, c'est bien Cooper, mais son père a fait cédé sa mère, et elles l'ont suivi partout pour ses différentes missions diplomatiques. Un enfer. Elle ne souhaite qu'une chose, enfin retrouver SES chevaux. Ces poulains maintenant grands, fiers. C'est la première chose qu'elle fait le lendemain. Et les semaines passent, sans soucis. De nouveaux chevaux arrivent. Oui, la famille de Keziah accueille occasionnellement des cavaliers en difficulté. Des gens perdus avec un cheval cassé, perdu lui aussi. Son père est le meilleur. Petite, elle voulait lui ressembler. Elle voulait, elle aussi, transmettre cette passion dans laquelle elle a grandi. Les chevaux, elle pratique depuis qu'elle est née. Keziah a eu la surprise de voir des photos d'elle, sur le dos d'un cheval, tenue par son père, bien avant l'âge des premiers pas. C'était un monde à part entière, qui la fermait souvent de celui des autres. Mais c'était le monde de son père, de ce petit héros qu'elle construisait chaque jour de son enfance. Puis elle s'est mise à le haïr. A souhaiter être son opposé, lui l'alpha, elle l'oméga. Les affaires reprennent. La famille travaille, chacun de leur côté, les différents chevaux qui viennent et repartent. Puis il est arrivé. Elle ne se souvient même plus du nom. Elle ne sait plus si elle l'a connu. Il faisait un bruit du tonnerre dans le van en arrivant. Les sédatifs ne faisaient plus effet. Il n'était pas pour eux. Le conducteur a paniqué. Le vétérinaire s'était trompé sur un dosage. Son père à simplement voulu ouvrir la porte arrière. Rassurer l'animal, voire le faire sortir.. Quelle idée. Elle se souvient juste des sabots fendant le crâne de son père. Juste ça. Puis du coup de feu. L'employé qui abat le cheval, pensant le stopper avant le mouvement fatal peut etre. Et puis plus rien. Après ça, elle a son appareil photo, un énorme sac de randonnée plein à craquer, et elle roule. Où ? Elle ne sait pas. Elle pleure trop pour prêter attention aux panneaux qui défile sur la route. Aujourd'hui Keziah est installée en Australie, où elle finit ses études de photographie, désireuse d'oublier..