Une chose dans laquelle je suis douée c'est bien courir. J'ai l'impression que je passe ma vie à courir, que je ne cesse jamais, je fuis tout ce qui m'entoure. La fuite, la tangente, l'esquive. Toujours. C'est bien de moi, je renie tout, je ne supporte pas du tout l'idée d'être emprisonnée, un besoin d'aller loin toujours plus loin, qu'on ne puisse jamais m'arrêter. C'est temporairement ce que je peux ressentir lorsque je me met à courir. Je pars et je n'ai plus envie de m'arrêter, je fonce, personne ne peut m'arrêter. C'est l'impression que j'ai. Je suis penchée en avant, comme le font les coureurs professionnels. Mon professeur s'approche de moi.. le chrono à la main.. l'athlétisme c'est une chose qui me donne l'impression d'être invincible, que personne ne m'aura. Je fais donc partie du club d'athlétisme et je dois m'entraîner, je le fais dès que je peux, j'essaie une heure une fois tous les jours. C'est important, il faut que je sois toujours plus rapide. J'ai un avantage, je suis plutôt mince.. et musclée. C'est clair que je ne peux pas vraiment être le genre femme flasque alors que je passe ma vie à grimper, ramper, courir.. pour arriver à mes fins pour cambrioler.. Je suis rapide et surement la plus rapide.. j'aime être la meilleure.. je le suis dans un tas de domaine, je suis surdouée mais je ne m'en vante pas, je sis sportive et j'aime ça. La voix du prof me ramène à la réalité. Je fonce. Le top est donnée, faire un tour de stade en moins d'une minute. Ce serait parfait, je fonce, je ne regarde nul part.. j'y vais.. jusqu'à ce que je vois un visage s'avancer sur vers la piste. Je perd ma concentration, je le regarde pour être sûre de moi.. mauvaise idée, lorsque l'on court aussi vite, il faut plutôt regarder devant soi.. et là.. je trébuche.. mon genoux prend cher. Aie.. Je me retourne pour regarder son état, mon collant de course est déchiré bien entendu.. mon genoux est en sang.. mon dieu.. je déteste le sang. Je détourne le regard et je le recroise, donc je n'ai pas halluciné.. il n'a pas oublié. J'étais persuadée qu'i ne viendrait pas. Pourtant il sait toujours après un an, où me trouver. Mon coeur s'accélère, je lui ai dit tout de même que je ne voulais plus le voir.. même si c'était sous forme de jeu, notre jeu.. je l'ai fait. Je ne sais même pas si je regrette.. j'étais blessée à l'époque.. je n'ai pas réfléchis, il m'a trop souvent manqué. Mais il a gardé la boule à neige, alors je suppose qu'il joue encore.. Amos est là.. Je déglutis.. un an.. alors un an jour pour jour. " Tu es ponctuel.. " Une part de moi est heureuse de le retrouver, il ne faut pas que je sois de mauvaise foi.. mais ma fierté n'est pas tout à fait prête à lui avouer.

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« Garance. Tu n’as pas vu ma boule à neige ? » hurlais-je de ma chambre tandis que j’en retourne chaque tiroir et chaque armoire. Je fouille même sous lit, imaginant qu’elle ait roulé sous le sommier après une chute de l’étagère. « Qu’est-ce que tu cherches ? » me demande Garance de la salle de bain. Je devais partir, elle rentrait chez elle, c’était le deal. « Je cherche ma boule à neige. » Expliquais-je en poussant la porte de la salle de bain qu’elle m’entende mieux. « Celle qui est rangée exactement là, sur la troisième planche de ma bibliothèque. » Mon agacement était palpable et plus ma copine se montrait indifférente, moins j’avais envie d’être sympathique. « Tu as regardé sous le lit ? » propose-t-elle de son irritante nonchalance. « Non. Évidemment que non. Je te demande sans avoir cherché, c’est évident. Pff, n’importe quoi » mon ton pue l’ironie à plein nez. Si elle était une autre, elle s’emporterait. Or, Garance, derrière son fort caractère, est d’une patience et d’une douceur exemplaire avec moi. « Inutile d’être désagréable. Je vais t’aider à la chercher si tu veux… » Abandonnant son fard à paupières dans la salle de bain, elle attache ses longs cheveux blonds dans un chignon sauvage pour entamer des fouilles archéologiques de la chambre à la cuisine. Rien, aucune trace du hibou prisonnier dans la boule de neige, alors je commence doucement à paniquer. Dois-je le prendre comme un signe ? Un coup du sort ? Un pied de nez du destin pour m’avertir qu’il est temps que cesse ce petit jeu stupide avec Wendy ? Qu’elle ne veut plus de moi dans sa vie ? Dépité, je me suis laissé choir dans le sofa. J’étais à la limite de l’apoplexie. « ce n’est tout de même pas possible. Qu’est-ce que tu en as fait ? » accusais-je ma petite copine malgré ses efforts pour m’aider. « Moi ?, s’insurgea-t-elle, je n’y ai même pas touché. Tu as un sacré culot de m’accuser comme ça.
- C’est ça. Tu sais que j’y tiens beaucoup. Tout ça parce que je t’ai dit qu’on ne se verrait pas ce soir.
– Tu deviens complètement fou ma parole. Il n’a jamais été question de ça. Je ne sais simplement pas où elle est c’est tout. Et puis, tu me dirais bien ce que ce machin a de si important ? C’est une babiole de supermarché.
- Je t’interdis… Tu m’entends ? » hurlais-je comme si j’avais été moi-même insulté.

Garance, surprise, ne sut trop comment réagir. Elle me regardait comme si, d’hier à aujourd’hui, j’étais devenu complètement fou. Fou à lier. Ses grands yeux éberlués en témoignaient et j’aurais normalement dû lui présenter mes plus plates excuses. Impossible. Les mots restent coincés au bord de mes lèvres. Ils ne purent sortir qu’un peu plus tard quand la jeune femme, a priori prête à nous abandonner, ma mauvaise humeur et moi, vint me rejoindre sur le balcon où je fumais une cigarette. « Je l’ai retrouvé ton fichu machin. Il était sur la table de la salle à manger, sous ta veste. Je l’ai mise exactement à sa place, sur ton étagère. Sur ce, je te souhaite une bonne après-midi et une bonne soirée. » J’eus à peine le temps d’éteindre ma cigarette pour la retenir – le temps de quelques excuses – qu’elle claquait déjà la porte derrière elle. « Fais chier » soupirais-je en refermant la porte vitrée du balcon. « Je suis vraiment trop con. » Ainsi, ai-je saisi ma veste pour me retirer et rejoindre la douce Wendy qui devait certainement m’attendre. Je ne voulais pas être en retard, pas même de quelques secondes, j’attends ce moment depuis trop longtemps.


Les mains dans les poches de mon jeans, je m’avance du stade où je l’aperçois enfin. Dans sa tenue de sport, les cheveux attachés et l’air parfaitement concentré sur ses performances, je la trouve fascinante. Pas vraiment différente, hormis peut-être ses cheveux légèrement plus longs et sa taille plus fine, bien qu’elle ait toujours été très athlétique. Tandis que je tiens fermement le symbole de notre amitié dans ma main droite, je m’avance doucement vers elle qu’elle me remarque enfin. Bien entendu, je ne cherchais pas à la distraire, je souhaitais seulement qu’elle constate que je ne l’avais pas oubliée, qu’elle n’était pas un reliquat poussiéreux de mon passé. Elle comptait pour moi. Elle avait toujours été le maillon fort de mon existence. Elle avait tant d’importance que face à sa chute, j’avançai d’un pas, par réflexe, comme si j’étais à bonne distance pour la rattraper. « Tout va bien ?, lui lançais-je tandis que je presse le pas dans sa direction, Tu n’es pas blessée ? » Fadaise. Elle était déjà debout, m’assénant les prémices d’un compliment un peu trop sec à mon goût. « Tu te trompes » lui répondis-je en jetant un œil sur ma montre. « En réalité, je suis en avance de 3 minutes. Le temps qu’il faudrait pour te changer et venir avec moi à mon avis. On n’en a pas vraiment fini toi et moi. » J’agite sous ses prunelles à un peu trop grave l’expression concrète d’un lien abstrait. « J’ai même envie de te dire que ça ne fait commencer. J’ai une surprise pour toi, mais il faudrait que tu écourtes ton entraînement. » Chose qui semble inadmissible pour son entraîneur qui s’avance déjà à petits trots. « Et ? Winnie, qu’est-ce que tu fous là ? On s’y remet… Pas le temps de badiner. » Quelle délicatesse. Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres. « Elle est blessée. Je vais l’emmener à l’infirmerie… Elle améliorera son temps demain, je pense. » Il traîne dans le fond de ma voix un mélange de défi et d’autorité. Un petit quelque chose qu’aucun homme, plus âgé soit-il que moi, n’oserait contester, comme si le ton trahissait un besoin vital, le besoin d’être avec elle.
 

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En me levant ce matin j'avoue que je n'avais plus quel jour nous sommes. Je n'ai pas pensé sur le moment qu'aujourd'hui était un jour particulier, qu'il changerait peut-être ma vie, on ne sait jamais, comment fait-on pour prévoir ce genre de chose ? Et bah je ne sais pas. J'aimerais pourtant savoir ce qui va se passer dans ma vie pour éviter de faire les mauvais choix et faire les bons. Pour une fois dans ma vie, j'aimerais un truc qui se passe bien dans ma vie pour une fois, POUR UNE FOIS.. que je ne fasse pas un tas de connerie. Mais le pire dans tout cela c'est que je l'aime cette vie, une vie de merde et de débrouille que j'ai appris à apprécier. Je n'ai connu que cela, la débrouille, la galère, les putes, les macs, la mafia.. les gens qui se pensent tout permis et ceux qui sont à leur solde. Je crois que je suis dans le dernier groupe. Douée pour ce que je fais, je deviens connu presque à faire ce que je fais. A être une voleuse, à être ce que je n'ai pas le droit d'être. C'est clair que j'adore.. je m'éclate, c'est juste parfait. Des montées d'adrénaline comme je les aime, je me sens toute puissante lorsque je me retrouve dans un endroit dans lequel je n'ai logiquement pas le droit de me trouver.

Bref, ce matin, non je ne me souvenais plus. Je n'étais plus dans ce monde, j'avais oublié, on oublie tous un truc important à un moment donné. Et bien moi j'ai oublié, oublié qu'aujourd'hui c'était le grand jour, le jour où Amos était censé revenir. Enfin oui bien censé parce qu'à mon avis s'il avait voulu le faire il aurait eu un an.. mais en un an, je n'ai pas eu la moindre nouvelle de lui. Il est peut-être mort.. quoique je pense que je le saurais.. c'est peut-être pour une des seules raisons que ma mère m'appellerait.. mais là.. rien. Il a dû refaire sa vie m'oublier, je ne suis plus rien pour lui, après tout c'est moi qui le lui ai demandé, pourquoi je me plains ? Pourquoi ? Je suis sérieusement atteinte, j'arrive toujours à penser à lui et à ne pas savoir si j'ai bien fait. Je n'arrive pas à savoir si je dois regretter. En l'espace de deux minutes j'ai tout de même perdu la personne qui comptait le plus au monde pour moi. Je crois que la plupart des filles me prendrait pour une cinglée d'avoir fait ça.. mais en même temps.. j'ai du mal à accepter ce qu'il a fait.. Je ne sais pas.. je pensais que ce baiser avait compté pour lui et il trouve une fille juste après.. je me suis sentie tellement.. humiliée.. c'est exactement ça.. je pensais que nous partagions les mêmes sentiments mais j'étais dans l'erreur, monumentale même. Apparemment le jeu est toujours plus important. Toujours est encore.

Je m'en suis remise, enfin presque, je n'ai jamais eu vraiment de petits amis.. ou d'amis qui arrivent à sa hauteur. Jamais personne ne pourra l'égaler de toutes manières, parce qu'il n'y a que lui qui me connaisse par coeur. Enfin presque.. j'ai changé moi aussi, on change tous un jour, la preuve. Mais peut-être que le jour où il a relevait le défis était le jour de la fin de notre histoire, peut-être hein, je ne sais pas. C'est le grand jour.. et une part de moi est ravie de le voir mais l'autre. Bon l'effet de surprise est fait. Je viens de me ramasser la gamelle du siècle, j'étais presque lancée à pleine vitesse. Merde ça tue. Je déteste le sang qui plus est. Je me redresse légèrement, je tente de me mettre debout. " Non, mon genou est juste en bouilli ça ne se voit pas ? " Il tente de faire de l'humour avec ma réplique. Je ne trouve pas cela vraiment drôle.. enfaîte je crois que je suis toujours sous le choc, je n'étais pas si préparer que cela .. à son retour. Je m'attend au pire. Il tient la boule dans sa main, l'agite. " 3 minutes tu es optimiste, faut que je nettoie mon genou. " Je soupire.. Il semble vouloir tout recommencer.. je ne sais pas.. " Commencer quoi ? Explique moi ? Qu'est ce qui commence " Je suis curieuse de savoir. De toute manière je ne peux plus courir. Mon entraîneur s'avance vers moi. Il semble un peu énerver. Je regarde un peu amusée Amos lui répondre. " Oui enfaîte je crois que je vais arrêter là.. on reprend au prochain entraînement.. mon genou est vraiment douloureux. " J'insiste mon propos avec une légère grimace. Il semble résigner, il accepte de me laisser partir. Je souris légèrement. Je me tourne vers Amos.. Je le détaille.. il n'a pas tellement changé. " Aide moi à marcher tu veux ? Je crains le pire avec toi.. qu'est ce que tu me réserves ? une demande ? " Rêve pas trop Wendy. Quoique je n'ai pas tellement tort dans un sens.

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