Grandir dans ma famille n'aurait laissé personne intact, personne de mentalement constituer n'aurait survécu, c'est pourquoi je suis sûre aujourd'hui de ne pas être totalement normale. Enfin techniquement parlant j'ai été bien affectée. Mon père cet homme de pouvoir, connu et reconnu dans tout ce qu'il entreprend, il a toujours été mon héros, jusqu'à ce que je sois en âge de comprendre, pasteur de notre ville, personnalité adulé et surtout aimé, je n'aurais jamais pu croire qu'il puisse être si...Mauvais ? « Pourquoi faire tout ça ? Qu'est-ce que ça t'apporte d'être si "cruel" ? » je regardais mon père du haut de mes treize ans, de la peur et de la honte au fond des yeux. Comment mon univers pouvait il s'écrouler comme ça. « Tu es trop jeune pour comprendre jeune fille et de toute façon ceci ne te concerne en rien. » Je ne reconnaissais pas mon père, cet homme n'était pas l'homme qui m'avait élevé. « J'ai tellement honte d'être votre fille...MONSIEUR. » C'était la première fois que des mots aussi dures sortaient de ma bouche. « Et moi tellement honte que tu sois la mienne, Elina. » Je faisais face à mon père, malgré le fait qu'il faisait des choses que je ne concevais pas, je savais qu'à moi il ne me ferait jamais de mal, même si les mots étaient durs et forts. J'ai grandi dans un univers masculin, avec cinq grands frères, aucune femme pour m'apprendre à me coiffé, me maquiller ou encore m'habiller. Personne, juste moi et mon instinct. Je pense m'en être pas trop mal sortie. Je n'ai malheureusement pas connue ma mère, morte six mois après ma naissance, mais je sais qu'elle ne voudrait pas de tout ça, que ma vie tourne aussi mal. « Tu vas dans ta chambre, je ne veux plus te voir. » Je me retournais et fit face à mon père et son regard noir, un soupire et un sourire hypocrite plus tard, je me retrouvais enfermer dans ma chambre. Je n'avais pas peur de lui et de personne d'autre d'ailleurs, un peu trop téméraire dans l'âme d'après ma famille. Oui la seule fille de la famille alors, je pense avoir une part très présente de masculinité, chose qu'enfaîte je ne voulais pas faire ressortir, j'aurais dû être tout le contraire de moi-même. Moins téméraire, moins grande gueule, moins fonceuse, moins moi tout simplement...

Je n'en pouvais plus, je tournais en rond avant d'escalader le pan de mur pour sortir, si je ne pouvais pas sortir à seize ans quand le pourrais-je ? Quelques heures et trois bouteilles de vodka plus tard c'est au commissariat que mon frère venait me récupérer. J'allais en entendre parler de cette soirée. « T'es vraiment inconsciente Elina. » mon make-up coulait et je me foutais de ce que Curtis pouvait bien dire, une cigarette dans une main et un briquet dans l'autre, j'avais une tête affreuse. « Et le grand Curtis est venu une fois de plus sortir sa petite soeur de ses conneries, va te faire foutre okay ? » je sentais que mon frère contrôlé ses nerfs, il était le seul avec qui je m'entendais, le seul qui voulait ou du moins tentait tant bien que mal de me comprendre. Il était mon seul pilier et soutient dans cette famille où je n'étais rien de plus que le vilain petit canard. Seize ans et déjà pourri jusqu'à la moelle ! J'aimais ça. Trop Rock & Roll. « Eli'  j'en peux plus de tes conneries. » J'ouvrais les yeux, ma nuit avait été très courte et déjà je me faisais agressée, dur. Mon frère bouillait de rage, je m'allumais une cigarette, qu'il m'arracha aussitôt. « Bordel Curt' arrête de gueuler comme une dinde en chaleur, j'ai mal au crâne. » mon frère se posait à mes cotés me regardant d'un air dépité. « J'en peux plus Eli', c'est soit je vais te récupérer au poste de police, soit à l'hosto, il faut que tu arrête tout ça je ne veux pas avoir à te récupérer à la morgue. Tu vaux tellement mieux que tout ça, que cette famille. Vis ta vie, prend ton envole, va faire ta musique loin d'ici. » je posais ma main sur le bras de mon frère dans un geste qui se voulait affectueux et calait ma tête contre son épaule. « Arrête de venir me récupérer dans ce cas-là. J'ai pas besoin d'être sauvée. » Il m'embrassa le haut du crâne et sorti de ma chambre.

"Lorsque l'on perd un proche, on passe par plusieurs sentiments. Le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression, l'acceptation." Je ne suis pas encore passé par toutes ses phases. Je ne sais pas trop où j'en suis et surtout comment je suis arrivée à devoir ressentir ce genre de sentiments. Je me souviendrais néanmoins toujours de ce soir maudis. C'était un samedi soir, je venais encore de me disputer avec mon père à cause de Gale, j'appréciais vraiment mon fiancé, mais non je ne l'aimais pas, du moins je ne l'aimais plus et ça malheureusement mon cher papa n'était pas du tout près à l'accepter, ni mes frères pour dire vrai. Enfin le blabla habituel. Et puis, je ne sais pas j'étais en colère, alors c'est tout naturellement que j'ai tapé dans sa réserve de super bouteilles très chères qu'il ne se réservait que pour les "grandes" occasions. Et puis franchement à dix-neuf ans on ne réfléchi pas vraiment aux conséquences de nos actes. Du moins moi, je n'y pensais vraiment pas, j'étais tellement égoïste et perdu. C'est comme ça que j'avais pris les clefs de la super berline de mon père avec la ferme intention de partir. Où ? Aucune idée, mais je voulais juste partir. Seulement j'avais omis, un léger détail. Curtis, cette fichue tête de mule. C'est au moment même où j'enclenchais le contacte que cet imbécile prit la décision de "sauter" dans la voiture pour m'arrêter. Enfin pour venir avec moi, car il ne connaissait pas mon taux d'alcool du moment. « Où compte tu allais comme ça ? » Qu'est-ce que ça pouvait bien faire franchement, il savait que je voulais partir et ne plus revenir, même si je n'avais aucun but précis. « Je viens avec toi. » De toute façon ce n'est pas comme-ci il avait vraiment le choix. La voiture roulait déjà à vive allure. Mais j'aurais pu arrêter et le faire descendre, non j'aurais dû. Mais je ne l'ai pas fait. « Tu fais chier Curtis, je peux m'en sortir toute seule, merde. » Quelle phrase magnifique à dire. Si j'avais su que c'était la dernière chose que je dirais à mon frère, j'aurais sans aucun doute mieux choisi mes mots. Je ne me rappelle pas ce qui nous est arrivé, seulement que je me suis réveillé deux semaines plus tard et que mon frère avait été enterré sans que je sois là. Je serai rentré dans un camion d'après la police. Et de toute évidence, je ne faisais pas le poids. Et voilà, cette fois plus rien ne me retenais à Memphis.

Déjà huit ans que mon frère était mort que j'avais perdu ma raison de vivre, mon pillier, une partie de ma vie, huit ans que ma vie avait changés du tout au tout, huit ans que j'avais quittés ma famille, les états-unis et mon fiancé et tout autant d'années que je continuais sans relache à porter cette fichue culpabilité qui me rongeait de l'intérieur, qui me bouffait les entrailles et me tuait à petit feu...« Pourquoi chanteuse ? Pas que vous ne soyez pas douée loin de là, mais c'est un choix de carrière très intéressant lorsqu'on sait que vous avez commencer des études de médecine. » D'un air lasse je regardais ce producteur, encore un homme trop intéressé par un passé que je ne souhaitais pas dévoilé, encore un qui me dirait que oui j'avais du talent, mais que non il ne pourrait rien pour moi, du moins pour l'instant, mais que si je prenais le temps d'attendre et de persévérer alors, à ce moment là j'y arriverais. Seulement ça faisait déjà huit ans que j'attendais que mon tour arrive enfin, que quelqu'un me donne ma chance, que quelqu'un lise enfin mes textes, pourquoi ce n'était tout simplement pas mon tour ? « Et bien vous savez, la chanson a toujours été ma grande passion et j'écris des textes depuis et bien depuis toujours je crois bien, j'ai cette volonté, cette force qui me pousse à être devant vous aujourd'hui, je ne rêve que de ça, je n'aspire qu'à ça. Laissez-moi ma chance. » Un petit sourire désolé ce dessina sur ses lèvres et je n’eus pas besoin de paroles pour comprendre qu'une fois de plus j'étais recalée, qui était l'imbécile qui m'avait dit un jour que mon destin m'attendait en Australie ? Je prenais mes affaires et partait une fois de plus, en quelques mois j'avais fait toutes les auditions possibles, vu tous les producteurs, manager et réalisateur du coin, maintenant il ne me restait plus qu'un endroit où tenter ma chance avant de repartir une bonne fois pour toute et de rentrer "chez moi". Je devais retourner à Sydney et essayer, encore une dernière fois.