Un certain César a dit un jour « veni vidi vici », « je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ». Ce mec là, il avait raison parce que quand il a dit ça il avait vraiment vaincu tout le monde. J'ai cité ce type une fois dans ma vie. Et j'étais bourré. Big, big mistake.
« Veni, bébé. Je suis venu. Ouais ouais ! » « Az, t'es lourd, lâche moi. Arrête, tu me saoules ! » « Attends, attends, attends ! La suite ! » Le jeune homme, un bras lourdement appuyé sur les épaules de sa fiancée, lui soufflait son haleine remplie d'alcool au nez, en continuant son discours. « Vidi ! Oui vidi ! Je t'ai vu aussi. Ahhh ça oui, je t'ai vu ! Dans tous les sens, de tous les côtés, plus ou moins prêt. Je connais chaque parcelle de ton corps, chaque détail de ton intimité poupée. » La jeune femme tentait vainement de sortir de son étreinte, sans vraiment l'écouter « Vici, ah-AH ! J'ai vaincu ! J'ai gagné ton coeur ! Et ton corps, et ton cul aussi ! Je devrais peut-être aller en parler au beau-père, il serait content de savoir que je me suis battu comme Jules César pour avoir ton cul poupée ! hein ? » Les autres hommes de la pièces étaient dans le même état qu'Azariah, et ne comprenaient probablement même pas ce qu'il disait, mais ce fut trop pour la jeune femme, qui repoussa son amant violemment « Tu sais quoi ? Vas te faire foutre ! C'est ça, vas-y, continu à te bourrer la gueule tous les soirs et à détruire tout ce que tu as tenter de construire depuis ton accident ! Mais à partir de maintenant, je ne serai plus là pour essayer d'arranger tes conneries ! » Sur ce, elle attrapa son sac, gifla un type qui avait tenté de lui toucher les fesses et quitta le bar. Merveilleuse soirée de fiançailles.

« J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre.  » disait un grand homme parti il y a peu de temps. Et je suis fier de dire que j'ai vaincu ma peur, mes peurs. J'ai vaincu cette peur aigue qui m'a envahie lorsque j'ai senti mon genoux craquer, lorsque j'étais sur ce terrain de foot au lycée, celle qui m'a bouffé durant des mois, celle qui m'a fait tout remettre en question. J'ai eu cet accident alors que j'avais des projets, alors que je devais suivre les traces de mon père dans la police. Cette peur c'est transformé en terreur lorsque je ne savais plus pourquoi j'existais. Cette terreur qui m'a fais faire des mauvais choix. J'avais deux ans d'avance à l'époque, je les ai rapidement reperdu. J'ai perdu aussi ma fiancée, puis ma mère. Alors, j'ai pris la décision de ne plus rester victime des difficultés et de ne plus subir une vie qui ne me correspondait pas. J'ai eu le courage de vaincre ma peur de n'être personne et de ne servir à rien, de ne laisser aucune trace. Et je suis devenu avocat.

« Il me semble que ce n'est pas toi, habituellement qui fait les entretiens d'embauche. » La jeune femme fut bien surprise de découvrir Azariah en entrant dans le bureau. Elle avait attendu de longues heures, en mordillant un bouchon de stylo et en remplissant un formulaire d'embauche, et avait découvert seulement en lui serrant la main, lorsque son tour arriva enfin, que la personne qui effectuait les entretiens n'était autre que son ami Azariah. « En effet, mais la femme de Gustave, le type chargé de ça, a eu la bonne idée d'accoucher ce matin. Et comme je reviens de vacances et que je n'ai pas d'affaire pour l'instant, ils m'ont foutu à l'embauche. » Azariah fit la blondinette se détendre en apprenant la nouvelle, car bien évidemment, elle était presque certaine d'être prise, mais préféra s'amuser encore quelques secondes de la situation « Ne crois pas que c'est du tout cuit jeune fille. Lors de ton stage, tu as fais des erreurs stupides, et à la vue de ton dossier scolaire, c'est pas gagné-gagné... » Il fit semblant de se concentrer sur le dossier que la secrétaire lui avait apporté quelques minutes auparavant. Remarquant que son interlocutrice ne savait pas si c'était du lard ou du cochon, il se leva en lui tendant la main. « Félicitation Léo, j'ai refusé tous les autres depuis ce matin parce que j'ai vu ton nom sur la liste. T'as intérêt à tout déchirer maintenant. » Depuis qu'il l'avait encadré durant son stage de dernière année de droit, Az avait découvert une jeune femme brillante et charismatique. Il avait entièrement confiance en elle, et le fait qu'elle soit devenue l'une de ses amies les plus proches n'y était pas pour rien.