La journée fut longue, et je fus longtemps solitaire. Je me doutais que cela se passerait ainsi. A vrai dire, c’est une des choses que je craignais le plus. J’ai été à mes cours, comme un gentil étudiant, car ils me semblent tout particulièrement intéressants. Par chance, ce n’était que des chorégraphies en individuel, pas besoin de faire de portés, et d’un côté cela repose mes bras. A vrai dire, la journée n’a pas été si longue que cela. Elle m’a surtout paru longue. Je n’ai eu que quelques cours, mais voilà que je suis bien fatigué. En fait, c’est lorsque je m’agite le plus en m’amusant avec des amis que je me retrouve en pleine forme. C’était comme si, étant seul, je n’avais pas pu recharger mes batteries, que l’énergie que l’on tire de la joie s’en était allée les jambes au cou.

J’étais rapidement retourné dans ma chambre, tout en traînant des pieds, et m’étais avachi sur mon lit une fois que j’y étais arrivé. Je restais un moment comme cela, profondément fatigué et presque désespéré. Malgré cela, il me restait un cours, un cours qui me semblait un peu bête dans un sens. Un cours pour les étudiants étrangers. En gros, parce que tu es étranger, tu as besoin de cours pour savoir te débrouiller. Et ils en font quoi de ceux qui savent magnifiquement bien parler anglais ? (même si ce n’est pas spécialement mon cas). Et de ceux qui préfèrent se débrouiller seuls et apprendre sur le terrain ? (je fais partie de ce groupe). Mais j’avais l’impression d’accomplir mon devoir en y allant, d’y aller car sinon j’aurais fait le plein de culpabilité.

Je me changeais, et passais d’une tenue de sport à une tenue à peu près normale mais à mon style, saisissais mon sac de cours officiel plutôt que mon sac de sport, et je me dirigeais un peu en avance vers la salle de cours. Là, toujours en avance, je me posais sur un mur et attendais que le professeur arrive, l’esprit impatient à l’idée que le cours se termine. Je soupirais et entrais dans la salle, n’ayant pas vraiment regardé qui se trouvait autour de moi. Je m’installais à une place quelconque, quelconque mais surtout pas au premier rang, et écoutais d’un air distrait les recommandations, conseils, et le vocabulaire du professeur. Et ce fut le moment où le prof annonça que nous allions faire un travail de groupe. Mon cœur faisait un bond de surprise, et mes yeux s’agrandissaient instantanément. Je savais que je n’aurais pas dû venir. Ma voisine m’imposa de faire le travail tous les deux. J’acceptais, de force, et me trouvais légèrement rassuré une fois que je m’aperçus de ses origines. Elle était asiatique, cela créait nécessairement des points communs. Par contre, je n’avais toujours pas envie de faire ce travail. Je soupirais, et m’imposais de faire de mon mieux face à une partenaire si enjouée. « Je m’appelle Ji Min, donc je suis sud coréen. C’est ma première année, et je suis le cours depuis peu de temps ». J’avais l’impression d’être un robot, et je m’en voulais un peu pour elle, mais je n’avais aucunement le courage de travailler.